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Maine-et-Loire et Sarthe
Des Basses Vallées angevines aux Alpes mancelles
D'après une légende locale, le nom Alpes mancelles aurait été attribué au relief accidenté du nord-ouest de la Sarthe par un religieux qui, désirant quitter Rome pour le Royaume des Francs au VIIe siècle et après avoir franchi les Alpes se serait arrêté de marcher à cet endroit parce que le paysage escarpé évoquait pour lui les sites alpestres. Céneri - c’est son nom – devînt alors ermite. Il finit par accepter des disciples et, à sa mort, un monastère fut construit sur l'actuelle commune de Saint-Céneri-le-Gérei et malheureusement détruit au début du Xe siècle. Subsistent tout de même dans la commune et aux alentours suffisamment de lieux à contempler et de monuments à visiter pour que nous soyons tentés d’aller y faire quelques tours de roues. Alors en route !
Au fil de l’eau sur un filet de gaz
Notre escapade débute à Angers, au centre du département du Maine-et-Loire. Le grand bassin hydrographique - point de convergence de la Mayenne, du Loir et de la Sarthe – ayant donné naissance à la Maine qui traverse Angers de part en part a pris le nom de Basses Vallées angevines. Nous y pénétrons en quittant l’agglomération d’Angers, à Montreuil-Juigné, et juste après avoir franchi la Mayenne. À quelques kilomètres de là, avant Feneu, nous bifurquons à gauche pour suivre le cours de la rivière. Un premier arrêt est prévu à Port Albert. Une simple cale pavée, quelques barques à fond plat, des bancs à l’ombre des frênes tétards et un bistrot suffisent à rendre l’endroit très plaisant.
Il fait frisquet ce matin. Je profite de cette première pause pour ajuster ma veste, mes gants et mon casque afin de pouvoir apprécier pleinement le pilotage de ma Yamaha FZ8. Elle m’a été aimablement prêtée par la concession GoFast à Beaucouzé (49) près d’Angers.
Nous faisons une nouvelle halte à Grez-Neuville. Depuis le chemin de halage, on peut observer rive gauche le grand moulin à eau et, sur l’autre rive, des pénichettes de plaisance qui empruntent l’écluse, au-delà de la retenue d’eau. De nombreux autres bateaux sont amarrés aux pontons de cette base nautique réputée.
Toujours plus au nord, nous passons à proximité du petit village de Chambellay. C’est là que l’acteur Jean-Claude Brialy à séjourné lorsqu’il était enfant. Quelques kilomètres encore et nous voici à Chenillé-Changé. Un barrage oblige les eaux de la Mayenne à se diriger soit vers une nouvelle écluse, soit vers cet autre moulin à eau, bien plus modeste que celui de Grez-Neuville mais tout aussi charmant. Là encore, des plaisanciers ont stoppé leurs embarcations pour découvrir ce havre de paix.
Arrivés au nord du département du Maine-et-Loire, nous quittons les rives de la Mayenne pour prendre la direction de Sablé-sur-Sarthe, dans le département voisin de la Sarthe. Après un arrêt au pied de l’imposant dolmen funéraire de Miré nous faisons une petite incursion de seulement cinq kilomètres dans un autre département, celui de la Mayenne, pour nous rendre à Saint-Denis-d’Anjou. Dans ce modeste village, on peut admirer de magnifiques halles marchandes qui, jadis servaient principalement au marché d’échange du lin, du chanvre et du vin, les productions traditionnelles locales.
Dans ce paysage de bocage et d’élevage où, en sous-bois les feuilles tombées des arbres rendent la chaussée glissante, il est prudent d’éviter également les nombreuses… bouses de vaches ! Une belle séance de pilotage.
Au cœur de Sablé-sur-Sarthe nous franchissons une première fois la Sarthe. C’est ensuite la direction de Solesmes qui est prise, toute proche. Nous y stoppons nos machines après avoir franchi une seconde fois le cours d’eau et pour profiter du panorama. Majestueuse, l’Abbaye bénédictine Saint-Pierre de Solesmes se reflète dans les eaux calmes de la rivière. Elle est un haut-lieu de la liturgie et des chants grégoriens.
Nous reprenons la route en direction d’Asnières-sur-Vègre, petite cité de caractère. Nous y faisons une courte halte pour photographier le magnifique pont de pierres qui franchit le ruisseau de La Vègre. Après avoir refait le plein de nos machines à Loué, nous roulerons sans nous arrêter jusqu’à Sillé-le-Guillaume, une ville dominée par son château fort et sa collégiale. Nous venons de pénétrer dans le Parc Naturel Régional Normandie-Maine. Les petites routes sinueuses que nous empruntons sont un régal. Attention tout de même aux très nombreuses intersections. La température extérieure chute sensiblement lors de la traversée de la grande forêt de Sillé. Le bitume est humide, la prudence est de mise.
En route vers les sommets !
Nous changeons régulièrement de cap jusqu’à venir buter sur l’intersection de la D146 et de la D112 qui marque véritablement notre entrée dans les Alpes mancelles. Devant nous, une falaise de schiste impressionnante nous oblige à changer de direction. En prenant à gauche juste après le pont sur la Sarthe que nous venons d’enjamber nous arrivons rapidement à Saint-Léonard-des-Bois. Nichée dans un méandre de la rivière, cette ancienne cité minière d’extraction de l’ardoise s’est aujourd’hui résolument tournée vers le tourisme vert. La petite route sur laquelle nous roulons maintenant serpente allègrement entre les haies des champs et les bosquets et, après un nouveau franchissement de la Sarthe, s’élève brusquement vers le centre de Saint-Céneri-le-Gérei classé parmi les plus beaux villages de France. Le bourg est juché sur un piton rocheux contourné par la rivière. À l’extrémité sud du «village du haut», une chapelle a été édifiée au beau milieu d’une prairie qui descend en pente douce jusqu’à la Sarthe. Dans le «village du bas», depuis le pont, on a une belle vue sur l’église romane qui domine le site. Nous déjeunerons à l’Auberge de la Vallée dont la salle de restaurant offre une jolie perspective sur les méandres de la Sarthe.
Atteindre les Rochers des Toyères situés à quelques kilomètres de Saint-Céneri-le-Gérei sera le but de notre promenade digestive. Rien d’insurmontable puisque ce belvédère n’est éloigné que d’une centaine de mètres du parking ombragé où nous stationnons nos montures. De là, la vue sur le cirque de Saint-Céneri et la vallée de Misère qui doit son nom au caractère désolé du paysage composé d'éboulis de roches et d'une maigre végétation est superbe.
Plein pot sur les rillettes !
Sur le chemin du retour, sous un grand soleil et bien avant d’atteindre Le Mans, nous prenons le temps de nous arrêter à Fresnay-sur-Sarthe. Dans la vieille ville, plusieurs maisons de caractère méritent bien une photographie. Les remparts du château médiéval et les ruines du donjon également et le vieux moulin à eau sur la Sarthe vaut lui aussi le coup d’œil.
Nous quittons le Parc Naturel Régional Normandie-Maine et poursuivons notre route en direction du Mans. Traverser la forêt de Mézières sera un enchantement. La route, moins sinueuse invite à pousser les régimes mais les zones d’ombre et de forte lumière qui se succèdent dans ces bois nous obligent à maîtriser notre vitesse. La petite fresque intitulée « Éblouissement matinal » peinte sur un mur de Saint-Fray, toujours sur la route qui nous mène au Mans traduit à merveille cette atmosphère.
Sans enthousiasme nous effectuons les quelques kilomètres qui nous séparent du Vieux Mans. De ronds-points en feux rouges, le groupe s’est disloqué. Alors en tête du groupe, je choisis de m’arrêter devant une charcuterie et d’y acheter un pot de rillettes. Je gare ma moto bien en évidence et, une boulangerie et un bistrot n’étant pas loin, je décide de me faire un bon sandwich en terrasse en attendant les autres pilotes.
Il est déjà près de 16 heures. Après une petite balade à pied dans la vieille ville nous remontons sur nos motos. Sur un rythme assez soutenu nous prenons la direction d’Angers. Cap au sud-ouest. Un bref arrêt à La Suze-sur-Sarthe et nous voilà déjà à Malicorne-sur-Sarthe. Nouvelle pause, puis direction Sablé-sur-Sarthe.
En quittant le département de la Sarthe et en pénétrant à nouveau dans celui du Maine-et-Loire, près de Morannes, nous retrouvons les paysages caractéristiques des Basses Vallées Angevines. Nous longeons la Sarthe jusqu’à Cheffes-sur-Sarthe et, quelques kilomètres après la sortie du bourg nous tournons à gauche pour nous élancer sur l’allée large et goudronnée qui mène au château du Plessis-Bourré. Splendide. La lumière rasante du soleil couchant vient réchauffer de ses teintes orangées l’élégante forteresse qui se reflète dans les eaux qui l’entoure. Le château a servi de décors à de nombreux films parmi lesquels : Peau d’Âne, Fanfan la Tulipe…
Une quinzaine de kilomètres nous sépare maintenant d’Angers. Avant de clôturer cette journée de roulage et de nous séparer nous choisissons d’emprunter un petit bac métallique à câble afin d’aller nous désaltérer au Port de l’Île, une guinguette située sur l’Île Saint-Aubin, aux portes d’Angers.
Une bien belle balade.