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RAID CORSAIRE

De l'Île-de-France à Saint-Malo par les pistes



Moins belliqueux que nos ancêtres les corsaires, les participants à ce raid tout-terrain plein d’embruns ont tout autant joué les aventuriers qu’eux. Ils ont souvent été contraints avec force et courage de lutter contre les éléments pour aller au bout de leur voyage. En capitaine de navire, j’ai mené mes hommes d’équipage de Paris à Honfleur, puis jusqu’à Saint-Malo.

Le top départ du RAID CORSAIRE est donné à Houdan, petite ville moyenâgeuse et tranquille des Yvelines située aux confins nord-ouest de la région Île-de-France. Du haut de son donjon on peut voir qu’en quelques tours de roues seulement nous atteindrons l’entrée d’une première piste de bord de champ, bien entretenue et tondue comme c’est souvent le cas ici à la belle saison.

CAP À L’OUEST

Très rapidement, nous prenons tous nos marques et, détendus, nous pouvons porter loin notre regard pour admirer le paysage légèrement vallonné. Cap à l’ouest donc. Notre incursion dans le département de l’Eure-et-Loir ne sera que de courte durée. Tout juste avons-nous le temps d’accommoder notre vue à la pénombre de la forêt de Dreux que nous franchissons déjà l’Eure, à sa lisière ouest.

DEUX HOMMES PAR-DESSUS BORD

À l’approche de Breteuil, nous obliquons temporairement vers le nord pour nous rendre à Conche-en-Ouche pour l’heure du déjeuner. C’est dans ce tronçon forestier et sinueux d’une grande beauté que l’un des pilotes fait une mauvaise chute en voulant contourner une flaque de boue assez profonde. Rien de grave mais c’est rageant. Pour lui, le voyage s’arrêtera au restaurant où nous parviendrons à le « hisser » et le faire prendre en charge par les services de secours après le repas.

Repus, nous reprenons la route, ou plutôt les pistes. Passé Evreux, nous tournons cap à l’ouest et c’est là que, patatra, un second membre d’équipage passe par-dessus bord. Un peu à la manière d’un coup de bôme qui permet de maintenir et orienter la voile d’un navire, il vient de se prendre un coup de branche. Là non plus, rien de méchant mais il ira tout de même rejoindre son autre compagnon d’infortune à l’hôpital de Dreux. Je vous rassure, il sera le dernier à se blesser.

MER EN VUE !

Du Neubourg à Brionne et jusqu’à Pont-Audemer, les pistes herbeuses et boueuses rétrécissent, se transformant parfois en d’étroits sentiers où pourtant nous pouvons légalement rouler. Le pilotage devient technique et les vaches normandes s’amusent visiblement de nous voir passer. Au détour de superbes toutes petites routes pittoresques et moussues, on parvient parfois à apercevoir de belles et riches demeures cernées de vergers. C’est presque en roues libres que nous effectuons les derniers kilomètres qui nous séparent d’Honfleur, par quelques belles pistes de bord de Seine. Notre hôtel se trouve à une centaine de mètres du bassin du vieux port.

BACHI-BOUZOUK !

Au programme de cette deuxième étape de notre voyage, la traversée du Pays d’Auge et de la partie nord de ce qui est communément appelé la Suisse Normande. Les paysages de bocage, superbes, verts et vallonnés ne s’offrent à nos yeux qu’épisodiquement, entre deux ondées qui noircissent le ciel. Toute la journée nous allons subir les bourasques d’un vent glacial et les averses de pluie tout aussi frigorifiantes. Mais rien n’entamera notre volonté de poursuivre notre chemin et, comme le ferait le Capitaine Haddock, nous allons jurer régulièrement dans notre casque au moment de franchir autant de difficultés de terrain. Mille milliards de mille sabords ! Dans les prés, des chevaux nous accompagnent parfois au grand galop jusqu’à la limite de leur enclos. Nous sommes tellement trempés que, pour ne pas trop salir la salle intérieure du restaurant de Mézidon-Canon, nous préférons déjeuner en terrasse, sous une toile battue par la tempête. En fin de journée, c’est à Flers que nous trouverons réconfort et chaleur dans un hôtel accueillant.

FERMEZ LES ÉCOUTILLES !

Sur mon smartphone s’affiche la météo du jour. Pas bonne de tout. Avis de grosse dépression sur Saint-Malo, notre destination finale. Mes matelots font grise mine mais la perspective d’une bonne session de roulage les ragaillardit. Nous sillonnerons quelques belles pistes dans le Parc Naturel Régional Normandie-Maine avant de déjeuner à Mortain-Bocage, puis nous passerons au plus près du Mont Saint-Michel le temps d’une photo souvenir, sous un rayon de soleil inespéré. Puis à bon rythme et par les polders des environs de Dol-de-Bretagne nous atteindrons en fin de journée la ville close de Saint-Malo. Une sacrée belle virée !