Randonnées/Raids - Initiation TT - Récits
Concept/Identité - Nous contacter (06.08.18.99.48)
ÉQUATEUR
RAID IKWADUR - À grandes enjambées
Nous voici bien arrivés à Quito, capitale de l’Équateur et point de départ de notre périple.
Notre premier vol au départ de Paris et à destination d'Amsterdam a accusé un retard d'une quinzaine de minutes. La faute à 6 "show pets" qu'il a fallu arrimer bien solidement dans la soute de notre avion. Nous avions déjà croisé ces bestioles, à poils sur les pelouses de notre hôtel de Roissy à faire leur crotte. Ils ont vraiment tous les droits ces cabots.
À Amsterdam, il ne nous restait donc qu'une petite heure pour attraper notre correspondance. Ce n'était pas de trop. Le second vol, long, très long s'est déroulé sans encombre. Comme à chaque fois, les repas s'enchaînent, avec cette fois-ci une curiosité. Un cornet de glace nous a été servi... Juste quelques minutes avant le repas du midi.
L'atterrissage à Quito a été un peu mouvementé. Suffisamment pour que des passagers désireux d'évacuer leur peur se mettent à applaudir le pilote. Ensuite, tout s'est parfaitement déroulé. Des douaniers souriants - c'est rare - nous ont fait passer le contrôle d'immigration rapidement. Puis après avoir récupéré aussi vite nos bagages, un régulateur des taxis officiels (jaunes) est venu à notre rencontre pour nous guider vers un chauffeur, fort sympathique. Il connaît notre hôtel donc... En route !
Nous nous éloignons de l'aéroport par des axes routiers démesurés, au goudron presque parfait. Partout autour de nous, des montagnes escarpées recouvertes d'une herbe rase et jaunie par la relative sécheresse. Bientôt nous quittons la route principale pour nous engager dans une autre, toute défoncée, pavée, bordée de constructions inachevées de briques, de parpaings et de tôles. Changement radical de décor. Elle serpente à flanc de montagne, les épingles serrées se succèdent. Encombrée, elle est sûrement un raccourci connu des locaux pour atteindre plus rapidement le centre-ville, là-haut sur un plateau, à plus de 2850m d'altitude. La circulation se fait plus chaotique. Dans les rond-points, les véhicules se frôlent mais pas un coup de klaxon. C'est bien agréable, tout comme la température, sans doute voisine des 20°C.
Arrivés à notre hôtel de charme - sorte de maison coloniale basse et aux innombrables salles voûtées aux décors rustiques - nous sommes accueillis par une charmante hôtesse. Nous déposons rapidement nos sacs et zou ! Direction le loueur de motos, à quelques blocs d'ici. Les motos sont là. Propre, bien équipées. Le loueur nous indique que l'une d'elle porte une plaque d'immatriculation qui l'empêche de rouler jusqu'à demain dans Quito. Problème vite résolu. La moto sera chargée sur un pick-up avec son pilote, Anthony, jusqu'à la sortie de la ville et le début de notre première étape. Comme pour se faire pardonner de ce désagrément, le loueur nous guide jusqu'à revenir à notre hôtel. Il faut dire que les rues de Quito, presque toutes à sens unique obligent à de multiples détours.
Nous dînerons à l'hôtel après une bonne douche. Auparavant nous aurons pris soin de fixer les supports alimentés de nos GPS à nos montures. Elles sont bien garées en sécurité sur le gazon du jardin de l'hôtel, cerné de grilles. Au menu pour moi ce soir, une soupe bien nourrissante avec quelques toasts et pour les autres, une salade copieuse. Le tout arrosé de bières très légères. Philippe, Anthony (son fils) et moi-même ne tarderons pas à aller nous coucher pour une bonne nuit réparatrice.
Quito/Quevedo
Cette première étape de notre voyage aura été magnifique mais très exigeante physiquement. Partis à 8h00 ce matin de Quito, nous n'avons coupé le moteur de nos motos qu'à 18h45 en arrivant à notre hôtel de Quevedo.
Comme convenu, peu avant 8h00 le loueur de motos s'est présenté à notre hôtel. La moto ne pouvant pas circuler dans la ville aujourd'hui était chargée sur un pick-up. Anthony prend place près du chauffeur et c'est parti !
Sortir de la capitale n'est pas chose aisée. De gros bouchons se sont formés et les quelques policiers postés aux carrefours les plus encombrés peinent à y faire régner l'ordre. À moins qu'ils ne s'en fichent un peu, les yeux bien souvent rivés sur leurs smartphones. Mais l'un d'eux vient quand même vérifier que la machine de Philippe et la mienne sont bien autorisées à rouler ce matin. À la sortie de la ville, la moto d'Anthony est déchargée et nous voilà partis pour l'aventure. Il est 9h00. Et 278km restent à parcourir.
Une première piste, très sale sur les premiers kilomètres ne nous donne pas encore le sourire. Mais quelques lacets plus loin, le paysage devient superbe. Nous allons franchir la Cordillère des Andes une première fois. Ça grimpe dur. Nous avons un bon rythme, ce qui ne nous empêche pas de lever les yeux, de quitter la piste du regard pour profiter du décor.
Après plus de 100 kilomètres et des milliers de virages, d'épingles, de trous, de bosses, d'évitements de chiens, de poulets, de vaches, de gamins... nous retrouvons un bout de route goudronnée. Il est midi passé. Nous faisons un petit crochet vers une station essence. De retour à proximité de la sortie de la piste que nous venions de quitter, nous faisons une halte pour déjeuner. On nous indique un routier familial. Ça fera l'affaire. Une soupe pour chacun, un Coca, une assiette de riz avec quelques morceaux de poulet bouilli et nous voila prêts à repartir. La patronne, super sympa et aidée par sa fille grassouillette nous facture moins de 10USD le tout.
C'est reparti pour près de 130 kilomètres de piste. Celle sur laquelle nous nous engageons est plus étroite que celle de ce matin, plus défoncée aussi. Et comme elle grimpe, ça tire sur les bras. Arrivés sur la crête, la piste va presque épouser le sommet des montagnes. La vue est magnifique et les ravins, vertigineux. Il y a là des cultures de canne à sucre, du maïs, des jardins de légumes, des animaux et quelques fermiers. Nous stoppons faire une photo de femmes ramassant des pois sauvages, juste en bordure de piste.
Il est environ 16h00 lorsque nous bifurquons plein ouest sur un chemin encore plus étroit, encore plus cassant et technique, et avec encore plus de virages, d'épingles serrées et de grosses caillasses bien vicieuses. La brume a fait son apparition depuis déjà quelques temps, rendant le pilotage plus difficile encore. On ne voit pas à plus de 15 mètres.
En fin d'après-midi nous retrouvons la route principale, théoriquement goudronnée. Elle ne l'est pas, ou plutôt elle ne l'est plus. Quelques plaques de bitume sont juste là pour compliquer le pilotage. Des nids de poules se sont creusés. Gaffe !
Ce n'est que 30 kilomètres environ avant Quevedo que nous pouvons enfin nous asseoir sur nos selles. Le goudron de la grande route est parfait. Mais la nuit tombe. La traversée de quelques gros villages sans charme va clôturer cette très longue journée de roulage. Un bout de piste mène à l'entrée de notre hôtel. Curieux. Sur le parking, une petite poignée de voiture. À la réception, peu de lumière. Peu engageant tout ça... Les chambres, correctes nous sont attribuées. Pas de Wifi, en panne. Après une bonne douche dépoussiérante, direction le restaurant. La salle est vide, l'ambiance... en fait il n'y a pas d'ambiance. Murs blancs, 5 tables, 2 fauteuils, 1 télé braillant une série genre "Plus belle la vie" sauf que là... Des bières nous sont servies assez rapidement mais après avoir passé commande de vulgaires plats de nouilles, nous allons devoir patienter, patienter encore, patienter toujours, patienter plus de 2 heures pour qu'enfin 2 assiettes nous soient apportées. Il en manque 1 !!! C'en est trop. Les pâtes sont quasi froides. Philippe et Anthony partent de rage sans manger. Moi, j'avale quelques nouilles froides, baignant dans un jus acide et je renonce à mon tour. Misère !
Après n'avoir accepté de régler que les chambres et les boissons, je pars me coucher. Espérons que le petit-déjeuner demain matin sera copieux...
Quevedo/Montanita
Une étape sublime, tout simplement. Au petit-déjeuner ce matin, il faut se battre pour avoir un peu à manger. Seulement 2 toasts sommairement grillés, 1/16ième de tranche de jambon et 1 cuillère chinoise à fond plat remplie de sirop de glucose sans saveur nous sont proposés. La misère. Le café n'a pas bon goût non plus. Un hôtel à oublier, même si nous y avons bien dormi.
La moto d'Anthony pisse l'huile. Pensant au départ qu'il s'agissait d'un mauvais serrage du carter moteur déjà tout encrassé de terre, Philippe donne 2, 3 coups de clé de 8. On verra bien.
C'est parti pour une formidable journée ! Nous faisons le plein des motos à la sortie de Quevedo. Puis, par une belle route de campagne et sur environ 50 kilomètres nous serpentons dans une plaine cultivée. Cacao, hévéa, palmier...
Nous faisons un "arrêt banane" dans un village très animé. Il y a là un marché très vivant. Poisson, viande à ciel ouvert, légumes et fruits de toutes les couleurs. Il y a là aussi des gens très sympathiques qui ne demandent qu'à être photographiés. Les conducteurs de tuk-tuks font les crâneurs. L'un d'eux me fait visiter son "chez lui" à 3 roues. Cornes de vache accrochées au-dessus du pare-brise, système sono dernier cri (...de Lara Fabian !), et même un hamac dans lequel il parvient, me dit-il à faire des choses...
Mais ce n'est pas tout ça, il faudrait peut-être rouler un peu. La moto d'Anthony pisse toujours autant l'huile. À y regarder de plus près, je constate que le carter est fendu ! Sans doute par la projection d'un caillou durant notre étape d'hier. Nous n'avons pas d'autre solution que d'acheter un bidon d'huile afin de, régulièrement faire l'appoint.
Première piste. Elle est pleine de pavasses rondes bien roulantes. Vicieuse cette première portion. Ça monte, ça descend, ça tourne et... ça plonge dans une rivière ! Premier gué. Je m'y engage, il y a guère plus de 30 à 40 cm d'eau et le fond semble propre pour rouler sans craindre d'être éjecté par une pierre.
Vers midi et avant de nous engager dans une nouvelle très longue piste, nous faisons un premier crochet pour faire le complément d'essence et, plus loin, un second pour déjeuner. Nous trouvons un petit restaurant bien aéré. Au menu, soupe avec un petit morceau de poulet, assiette de riz cuisiné aux légumes. Coca, Sprite et soda jaune citron (je n'ai pas dit au citron). 10USD le tout.
C'est reparti. Il fait bien 30°C au moins. Les pistes poussiéreuses mais également très variées s'enchaînent. Un second gué est franchi. Le fond de la rivière est sablonneux mais non vaseux. Les motos ne s'y enfoncent pas. Un troisième est franchi, plus chaotique. Puis une rivière bien plus large sera traversée par un pont suspendu, au tablier de tôles. Sympa comme tout...
Vers 15h00, nous arrivons dans une zone montagneuse totalement desséchée. Un incendie sans doute, mais alors très ancien car le vent a totalement poncé les buissons, les troncs des arbres. Tout est monochrome. Seuls quelques baobabs aux troncs verts ont survécu. Ils sont en fleurs ! Un très, très bon moment de roulage. Une piste étroite, nouvellement damée et n'ayant depuis été empruntée que par des 2 roues nous propulse jusqu'à... L'Océan Pacifique ! Il est là, à 500 mètres seulement du débouché. Moment magique. Sous un abri côtier, la photo du groupe s'impose.
Sur la trentaine de kilomètres restant à parcourir, nous allons faire plusieurs arrêts afin de découvrir quelques ports de pêche vraiment très animés. C'est la fin de journée et les premiers bateaux reviennent du large et s'échouent sur la plage. Il fait une vingtaine de degrés, le vent souffle un peu, ça sent le poisson frais... Nous sommes bien.
Nous tentons une dernière piste. Ça commence par une grimpette bien velue, toute en terre meuble. À mi-pente, un troupeau de vaches grimpe aussi avec difficulté. Place, place ! Il ne s'agit pas de stopper notre progression car il serait impossible de repartir. Sur le sommet, déçus, nous constatons que la piste se poursuit mais qu'elle n'est pas adaptée à nos motos. En enduro, ça aurait vraiment été le top mais là... Demi-tour.
16h30. Nous arrivons à notre hôtel de Montanita, sur la côte Pacifique. Une panne d'électricité survient. Philippe n'a pas eu le temps de prendre sa douche, alimentée par une pompe électrique. Il va finir par sentir le poisson pas frais ! En ville, nous trouvons un restaurant très facilement. Montanita est la Mecque du surf en Équateur. L'ambiance est jeune, la musique est à fond. Retour à l'hôtel vers 20h30.
Montanita/Cuenca
C'était l'étape marathon du voyage. Toute en contrastes. De la mer à la montagne, de 0 à 4150 mètres d'altitude, du soleil au brouillard épais, de la chaleur au froid polaire, de la campagne paisible et odorante à la ville bruyante et puante, du bush épineux à la pampa suintante, de l'autoroute au single track... Nous avons tout eu en une seule et même journée.
Nous quittons Montanita en empruntant la route côtière, plein sud. La mer est calme, les vagues, parfaites, font environ 1 mètre. Avec un peu d'imagination, on pourrait se croire sur la Highway 01 californienne, entre San Francisco et Los Angeles...
Pas d'éléphants ou de lions de mer ici, comme à Monterey, mais quelques colombiennes (!), petites boules de femmes fardées à outrance, fringuées comme des fillettes (collant moulant et tee-shirt coloré) et tentant vainement de se grandir, perchées sur des chaussures à talons expansés. C'est dommage car nombre d'entre-elles sont plutôt jolies et souriantes. Les hommes, eux, se partagent en 2 lots. Ceux qui bossent dur à la pêche en mer et qui sont secs et musclés, et puis les autres, au bedon débordant d'un Marcel crasseux, coude à la portière de leurs antiques pick-ups. Les anciens, eux, ont la classe. Les hommes portent le Panama, les femmes sont vêtues de tenues andines, avec chapeau de feutre et jupons en poils de lama.
Première piste. Elle est très large et propre, dans le sens où elle n'est pas piégeuse, sans gros cailloux ni saignées. Mais gaffe quand même, les gravillons nous font élargir nos trajectoires en courbes, et les épineux ne sont pas loin ! Nous progressons à environ 60 km/h sur ce type de terrain. Bientôt elle se rétrécie et devient terreuse, puis elle se transforme en une langue de labour... Nous tombons nez à nez sur un bulldozer en action. Ceci explique cela... Passé l'engin de chantier, la piste devient chemin, puis parfois presque sentier. Le pied total !
En milieu de matinée nous atteignons Guayaquil, deuxième ville du pays. Elle est moche et industrielle, ouverte sur l'Océan Pacifique et entourée de salines et de rizières. Nous allons souffrir pour la traverser. Entre les sens uniques, les feux et la circulation, ce n'est pas top. À la sortie de la ville, nous faisons une halte pour déguster un juteux ananas. Que ça fait du bien !
Ensuite, nous allons effectuer plus d'une trentaine de kilomètres à fond ou presque dans de gigantesques plantations de canne à sucre. La piste est très large, elle est saturée de jus de canne à sucre fermenté, ça pue gravement.
Un chauffeur de road train se laisse photographier. Il déjeune. Nous retrouvons le goudron vers 13h00, c'est l'heure de déjeuner. Soupe épaisse, salade de pâtes et poulet aux petits légumes. Classique.
Ça commence bientôt à grimper. Grimper fort, même. Une piste exigeante et vraiment glissante de cailloux nous propulse au-dessus des nuages. Il fait frisquet mais les efforts de pilotage nous réchauffent un peu.
Nous retrouvons le goudron et grimpons toujours. Nouvelle piste. Elle est fermée, une barrière barre le chemin. Retour sur le goudron.
Pour traverser la Cordillère des Andes, il nous faut traverser le Parc National Cajas. C'est gratuit, mais on ne peut pas y pénétrer après 15h30 et, à 17h00, il faut impérativement en être sortis. Nous nous disons alors que si nous nous étions engagés sur cette piste finalement fermée, nous aurions été bloqués à l'entrée du parc car jamais nous ne nous serions présentés au contrôle d'entrée avant 15h30... Peu avant d'atteindre le col routier, situé à environ 4150 mètres d'altitude, nous prenons le temps de nous réchauffer dans uns petit restaurant de bord de route. Café bouillant et gâteaux secs. Il fait un froid polaire. Le ciel est chargé. Il est difficile de faire de belles photos des Lagunas d'altitude, sorte de poches d'eau coincées entre les montagnes. Quelques lamas broutent la pampa.
S'en suit une descente vertigineuse vers Cuenca, notre ville-étape de ce soir et cité inscrite au Patrimoine Mondial de l'Unesco. Il est vrai que le centre historique et la Place d'Armes sont superbes. Nous dînerons en ville, après avoir stationné nos montures dans le garage sécurisé de l'hôtel, en plein cœur de la basse ville.
Cuenca/Sucua
Finalement, cette quatrième étape de notre périple andin aura été presque aussi longue que celle d'hier, et toute autant superbe.
Nous quittons très rapidement Cuenca et déjà, une première piste se présente sous nos roues dans les faubourgs de la petite ville. Elle dessert d'innombrables maisons, tantôt traditionnelles, en torchis, tantôt récentes et colorées. Comme partout en Équateur, le parvis des petites églises sert de terrain de foot et de basket. Des gradins couverts se trouvent tout autour. Il y a même parfois une tribune d'honneur, plus maçonnée. Ça grimpe, ça grimpe encore et hop ! Nous voilà à 4000 mètres. Durant notre journée, nous allons frôler cette altitude une bonne demi-douzaine de fois.
Nous poursuivons, toujours par la piste, dans la campagne peuplée de nombreux agriculteurs. Chaque famille a sa ferme, très petite, et ses quelques animaux. Veaux, vaches, cochons, moutons, poulets, gamins. Les chiens sont ici très agressifs et nous poursuivent régulièrement, s'arrêtant de montrer les crocs lorsque nous leur montrons la semelle de nos bottes. Peu de zones traversées auront été vides d'habitants. Lorsque c'est le cas, c'est que le sol, trop pauvre refuse la culture.
Un long moment nous allons rouler sur ce qui était jadis une ligne de chemin de fer, et qui a été transformée aujourd'hui en piste. La proportion de pistes est tellement importante sur cette étape que nous préférons ne pas nous arrêter déjeuner. Entre Cuenca et Sucua, nous ne traverserons aucune ville d'importance. Que de tout petits villages d'altitude. Dans un premier nous achèterons des gâteaux que nous nous empresserons de manger tellement ils sont bons, assis sur un banc devant le magasin et dans un second, des bananes goûteuses seront dévorées sur un marché.
En milieu d'après-midi nous pénétrons dans le Parc National Sangay. Nous faisons un crochet vers une lagune, bien planquée dans son cirque de montagnes aux sommets embrumés. Il fait frais, très frais même, pour ne pas dire qu'on se pèle grave !
En fin de journée et pour être certains d'arriver à Sucua avant la nuit, nous mettons les watts dans la vertigineuse descente goudronnée et glaciale du parc. Très large, la route est cependant bien dégradée. Des pans de montagnes s'y sont déversés, des affaissements créent de véritables marches, des cailloux nous font slalomer.
18h00. Ce soir nous dormons dans une villa, rien que ça. Nous irons dîner en ville, dans l'unique restaurant ayant un peu d'allure.
Sucua/Riobamba
Le dimanche en Équateur, c'est jour de fête et de gros n'importe quoi. Du coup, nous, on a fait pareil. Du gros n'importe quoi !
Nous quittons Sucua en prenant plein est. Nous allons pénétrer pour une seule journée dans la forêt amazonienne alors il n'est pas question d'en perdre une goutte... De sueur. Ici, tout est différent, absolument différent. La végétation, luxuriante, dégouline comme nous de flotte. Il fait moite. Les pistes, noires, de sable, sont tapissées de gros galets bien ronds qui tranchent avec les pierres anguleuses foulées avant. Les animaux sont démesurés, comme cet escargot gros comme une boule de pétanque. Les habitations aussi sont différentes. Toutes de bois rouge d'Amazonie. Ici, toutes les écoles disposent d'un terrain de foot... Couvert. Les gens, bien moins gras que dans la partie occidentale du pays sont aussi plus renfermés. Bref, tout est différent.
Nous reprenons plein nord cette fois et nous nous rapprochons à nouveau des montagnes. Actuellement nous ne sommes qu'à 800 mètres d'altitude environ. Bientôt nous tombons sur un marché aux bestiaux festif. Alors que les éleveurs et les marchands se disputent le bout de viande sur pattes, d'autres se disputent le ballon sur le terrain de "bouse-volley". D'autres, enfin, se disputent tout court. Pendant ce temps là, les femmes font du "bouffe-business".
Nous continuons, toujours plein nord. Un arrêt banane s'impose. Il est 10h00. Sous un hangar, une petite épicerie fait aussi bar et restaurant. Nous n'allons pas faire comme ces 4 locaux qui en sont déjà à leur 12ième bière commandée. Nous nous contenterons de bananes et d'oranges, bonnes mais coriaces.
C'est reparti, toujours plus haut. Aujourd'hui nous ne ferons qu'un petit 4000... C'est là que ça devient marrant. J'avais repéré sur Google Earth une rivière, large et tumultueuse. Je pensais qu'un bac à moteur permettrait de la traverser. La route qui y menait et qui, de l'autre côté en partait semblait adaptée à un flux important de véhicules. Pas du tout ! Arrivés au bout de la route, un préau, un plot de béton protégé par un pneu de camion et... Un câble au-dessus de la rivière. Point. De l'autre côté du cour d'eau, loin, très loin, on distingue une silhouette. Coup de klaxon, ça bouge, ça vient. À ce moment précis, nous ne savons pas trop quoi penser. Nous préférons même ne pas penser, ne pas Y penser. Traverser la rivière suspendus à ce câble, avec les motos !? T'es c.. ou quoi ? Ben si, on va le faire !!! Le petit bonhomme qui arrive est tout menu, comme sa nacelle. Ça ne rentrera jamais ?! Ben si, ça rentre !!! Enfin à moitié seulement. La roue avant de la moto est attachée avec une simple corde et plus de la moitié du brêlon se retrouve à pendouiller au-dessus du vide. Glurps ! Et comme si ça ne suffisait pas, on monte aussi ! La nacelle et son chargement sont élancés et... Le tout stoppe au milieu de la traversée, à 20 mètres au moins au-dessus des flots qui grondent et ça balance, et ça balance... C'est alors qu'une autre nacelle rejoint la première. Elle est équipée d'un crochet pour l'agripper et d'un câble plus fin passant dans des anneaux. Ce câble va être tiré, au moteur, dans le bâtiment que nous devons atteindre sur l'autre rive. Arrivés sur la plate-forme, la moto bute bien comme il faut dans le béton, histoire de marquer le coup. Une rampe bien raide permet d'en descendre pour rejoindre le plancher des vaches. Un sacré bon moment !
Nous nous arrêtons ensuite déjeuner près de 2 terrains de foot. l'un est occupé par les hommes, l'autre par 2 équipes féminines qui s'affrontent. Un p'tit restaurant familial fera l'affaire. La patronne est au BBQ quand l'homme, lui, pas tout à fait bien dans sa tête, ou alors trop bien justement nous tape la causette, à grand renfort de gestes et de postillons. Au menu : pattes de poulet avec les ergots et tout et tout, quelques crudités "touristatiquement" présentées, une banane légume et du yucca à la vapeur. Le tout arrosé de jus de yucca fermenté et filandreux. Une puanteur ce truc...
Du côté de Banos, nous tombons cette fois sur un jeu un peu spécial. Il s'agit pour chaque équipe à qui on a attribué un bassin d'attraper à la main et en moins de 10 minutes une truite bien vigoureuse. 4 équipes s'affrontent, mais c'est celle du bassin supérieur qui gagne facilement. Normal, elle a poussé les truites jusque dans la buse haute du déversoir et là, un tout petit filet d'eau seulement en coulait. Donc c'était easy. Un bon orage de pluie met fin précipitamment à la fête. Tout le monde dans les voitures et zou ! Presque plus personne sur le site. Nous parvenons à devancer l'orage en faisant de même.
Arrivés à proximité de notre hôtel de Riobamba, nous stoppons une nouvelle fois. Une messe est dite juste au bord de la route. Quelle idée ?! Je fais quelques photos et paf ! C'est le moment de se serrer la paluche pour montrer sa fraternité, sa communion avec l'autre et je ne sais quoi d'autre encore. Du coup, des vieilles mains, des jeunes, des propres, des sales, je vais en serrer un paquet.
Riobamba est une ville qui doit craindre. Nous demandons au patron de pouvoir stationner nos motos dans l'hôtel. Pas banal... Pour finir cette journée forte en émotions, en sensations, rien de mieux qu'un bon restaurant. Et à 21h, au lit !
Riobamba/Chugchilan
Cette nuit, j'ai dormi dans un lit avec des draps et des oreillers en pilou-pilou tout doux qui font des étincelles lorsqu'on gigote dedans ! La classe... Par-dessus, il y avait 2 couvertures en poils de lama qui piquent et encore par-dessus, une moche couverture en pilou-pilou aussi mais avec des motifs genre savane africaine. Mais bon, c'était pour être raccord avec les rideaux à pompons et les murs orange et jaune pétants. La salle de bain était à l'avenant. Carrelage noir brillant texturé.
L'étape 06 a été comme toutes les autres. Super jolie, super variée et avec l'imprévu qu'il faut pour marquer les esprits et alimenter la boite à souvenirs.
Nous quittons rapidement Riobamba par des rues pavées, typiques du pays. Des pavés, il y en a de 2 sortes. Les "Parisiens" en belles pierres aux bords arrondis mais au format XXL, et les "Leroy-Merlin" en moches pierres reconstituées et à la tenue précaire. Les premiers sont réservés aux rues centrales, et les seconds aux rues périphériques et souvent sales.
Notre première piste est vraiment exceptionnelle. Elle est rectiligne ou presque, pile dans l'axe du volcan Chimborazo, le plus haut sommet des Andes équatoriennes (6263m). Il est recouvert de neiges éternelles. Le ciel est parfaitement bleu. La piste est encaissée, très encaissée même. Très poussiéreuse aussi. De chaque côté, un mur de terre d'au moins 3 mètres par endroit. C'est le couloir à bestiaux. Les paysans empruntent tous cette piste pour mener leurs animaux dans les pâturages. Magique !
Plus loin, la piste tend à contourner le volcan. Elle devient technique. Des trous, des bosses, des zones de fesh-fesh, des marches, des mottes d'herbe à lama... Tout y passe. Mais quel pied !
Une fois rendus sur le plateau, à près de 4500 mètres d'altitude et côté nord-ouest du volcan, le vent se met à souffler assez fort. Il ne nous quittera plus ou presque de la journée. Quelques vigognes gambadent dans la pampa, les oreilles en arrière pour nous signifier que nous ne sommes pas chez nous ici et que l'herbe, elles se la gardent pour elles.
Un axe majeur que j'imaginais goudronné s'avère être finalement une piste. Large, mais épuisante. Tantôt en tôle ondulée, tantôt recouverte de pavasses biens tranchantes. Aujourd'hui, sur les 260 kilomètres que comptait l'étape, nous aurons bien fait plus de 200 kilomètres de pistes.
En matinée, nous faisons un long arrêt, assis dans l'herbe sèche à contempler le paysage. Le soleil tape fort. Magnifique.
Toujours par la piste, ce n'est qu'à 13h00 environ que nous parvenons à trouver de quoi manger. Une femme a sorti sa friteuse en bord de route, dans un hameau perdu en montagne. Au menu : french fries, poulet frit, œuf frit. Les enfants tout juste sortis de l'école viennent acheter ici un bol de frites arrosées de ketchup. Ils en profitent aussi pour faire une partie d'un antique flipper dans l’appenti sombre et enfumé. Juste à côté, un coiffeur s'est installé. Peut-être profite-t-il des projections d'huile de friture pour lisser le poil de ses clients ?
C'est reparti, toujours par la piste. Nous allons serpenter un très long moment à environ 3500 mètres d'altitude, à flanc de montagne. Lorsque nous redescendons enfin dans la vallée encaissée où se trouve le petit village de Chugchilan, curieusement le vent souffle encore plus fort et il fait vraiment froid. Quelques kilomètres avant d'arriver à Chugchilan, nous faisons un arrêt à la Laguna Quilotoa, un haut-lieu du tourisme Équatorien. Sauf que là, des touristes, il n'y en a pas et que le site a été littéralement massacré par des commerçants qui ont, dans une totale anarchie implanté leurs magasins de pacotilles. Misère... Heureusement, la Laguna Quilitoa est préservée. Il s'agit d'un lac de cratère qui, lorsqu'il y a du soleil, est paraît-il bleu turquoise. Sauf que là, il fait gris. Dommage. Mais c'est beau quand-même.
La chaîne de la moto de Philippe vient de dérailler. Usée, elle s'est détendue. Nous parvenons à dégoter un artisan qui jongle autant avec la soudure qu'avec la clé de 12. Nous l'aidons à retirer un maillon de la chaîne pour permettre de la retendre correctement.
Sur Booking.com, l'hôtel n'était pas pointé correctement sur la carte. Et comme ici, les noms de rues, on peut les oublier, nous finissons dans la cour d'une ferme, après 500 mètres de piste en grimpette. De la petite maison en bois sort une demi-douzaine de gamins aux nez qui coulent. Une jeune fille, la plus âgée, nous montre du doigt notre hôtel, en contre-bas. Ce soir, c'est demi-pension. Ça tombe bien car à Chugchilan, il n'y a rien.
Chugchilan/Machachi
Une étape en demi-teinte. Mais elle est riche d'enseignements.
Nous quittons notre hôtel et ses charmants propriétaires-paysans vers 7h30, comme à notre habitude. Au petit-déjeuner nous avons eu droit à : café ou thé, omelette, sandwich au fromage et à l'émincé de légumes, jus de fruit, bol de céréales et yaourt, salade de fruits frais, cuillère en inox, serviette en papier, dessous de table en dentelle plastique.
Hier, par flemme et parce-que nos machines ne consomment vraiment pas beaucoup et que nous avions largement de quoi terminer l'étape, j'ai zappé un petit crochet vers une station essence que j'avais pourtant marquée comme étant un STOP impératif dans notre progression. Du coup, ce matin, nous avons perdu un peu de temps à en chercher une, en remplacement. Ça m'apprendra. Enfin non, puisque ça m'était déjà arrivé en Islande... Bref, poursuivons. Le ciel est bleu, la luminosité est parfaite. Nous avons l'incroyable chance de pouvoir découvrir longuement au loin le Cotopaxi, le plus haut volcan toujours actif du pays (5897m) et entièrement visible, sans brume. C'est rare. La longue piste que nous foulons de nos pneus déjà bien rongés est parfaite. Souple à souhait. Terreuse, elle est damée mais une fine couche de fesh-fesh la rend onctueuse, veloutée. Les chemins sont creux, bordés de cactus, d’eucalyptus, de sapins. Quelques lamas nous regardent de haut d'un air pas sympathique, quelques ânes sont au piquet.
En milieu de matinée, nous sommes comme happés par les bonnes odeurs s'échappant d'une pâtisserie. Les motos sont stationnées juste devant. À l'intérieur, c'est un véritable four. Il fait une chaleur à mourir. Ce n'est pas anormal, le fournil est juste là dans la minuscule boutique qui fait également épicerie. Il y a du choix. Des brioches fourrées à la confiture, des petits pains garnis de chocolat à tartiner, des boules à la croûte bien dorée, des gâteaux avec des cristaux de sucre dessus... Bref, on va se goinfrer pour quelques dollars. Repus, nous reprenons la piste. Direction l'entrée du Parc National Cotopaxi. Nous y sommes stoppés net. Les motos y sont interdites. Pas les 4x4, mais juste les chiens et les motos. Je tente en vain de convaincre le seul gardien parlant anglais de nous laisser passer, lui indiquant que nous lui garantissons de rester sur la route. Rien y fait. C'est marqué sur le panneau, donc on ne passe pas. Grosse déception et... Demi-tour.
Vers 13h nous nous mettons en quête d'un petit restaurant de bord de route. Rien. Nous avançons. Toujours rien. L'ambiance devient bizarre, genre fin du Monde. Dans les hameaux que nous traversons, tout est délabré. Des maisons pas finies, des fabricants de parpaings partout et travaillant dans un chaos de bâches plastique servant à protéger leur production durant le séchage, de vieilles machines disloquées, des bouts de ferraille et des ordures, des dépôts sauvages... Glauque ! Nous roulons sur une très ancienne route pavée qui, par manque d'entretien se recouvre petit à petit de sable et de saletés. Il y a des trous, des bosses. J'évite de justesse de tomber dans une bouche d’égout dont la plaque de fermeture manque... Pas glop ! Ne trouvant aucun restaurant, nous nous résignons à poursuivre jusqu'à Machachi. La route pavée traverse à maintes reprises une ligne de chemin de fer qui elle aussi semble en bien mauvais état, voire même être abandonnée. Pour couronner le tout, un orage tourne autour de la ville et tombent les premières grosses gouttes. Il est grand temps d'arriver à notre hôtel.
Un hôtel bizarre, lui aussi. Sorte de musée, avec à l'entrée, posée sur un tabouret une tête de bélier, des fers à repasser et des outils exposés partout dans les couloirs, des tableaux, des fauteuils de style, des tapis, un bureau plein de bazar... Mais des propriétaires - le frère et la sœur - très gentils. Ouf ! Nos chambres ressemblent à des cellules monacales, avec un crucifix cloué au mur, du carrelage glacial au sol, les douches communes dans le couloir.
Nous retournons en ville pour déjeuner. Deux possibilités : le snack ou la cantine familiale, froide comme un frigo. Notre choix va se porter sur une cantine. Nous tournons un peu en rond dans la ville pour trouver celle qui pourrait nous sembler un tantinet accueillante. Ben y'en a pas. Nous choisissons finalement celle dont les tables ont des nappes en plastique bleu. Il y a plus de monde que dans celle qui a des nappes de plastique rouge. C'est dire... Menu unique. Soupe, riz et porc ou poulet, verre de Tang, glace aux fruits, café. 10USD le tout pour 3. Retour à l'hôtel pour attendre le soir. Chacun allant prier dans sa cellule.
Le soir venu, la patronne de l'hôtel nous indique un restaurant "super bueno". Youpi ! Sauf qu'en arrivant à l'adresse indiquée... C'est un snack ! Dans un brouillard de fumée de cuisson, dans le bruit d'une série télé, nous parvenons tout de même à manger à peu près correctement. Moralité : L'Equateur se découvre dans toute sa beauté au-dessus de 3500 mètres d'altitude. En-dessous, c'est la misère.
Machachi/Ibarra
Tout comme celle d'hier après-midi, la trace d'aujourd'hui devra être partiellement redessinée.
Nous quittons presque à regret le frère et la sœur qui nous ont accueillis pour une nuit dans leur établissement atypique. Le petit-déjeuner qu'ils nous ont servi était parfait, digne d'un hôtel de renom. Mais comment font-ils pour s'en sortir financièrement ? On se le demande. Et ce n'est pas le seul établissement qui, depuis notre départ de Quito aurait été totalement vide sans notre passage...
Nous sortons de Machachi par l'est. Curieusement, la piste empierrée que nous empruntons presque immédiatement est propre. L'environnement est plaisant également. Au menu pour commencer, un petit 4000. Les paysages sont très verts. Ils tranchent avec ceux du versant ouest de la chaîne montagneuse.
La matinée est bien entamée lorsque nous nous présentons à l'entrée du Parc National Cayambe. Une fois encore nous sommes refoulés. J'avais lu à maintes reprises que les parcs nationaux du pays pouvaient se visiter gratuitement mais ce que je ne savais pas, c'est que là, il fallait une autorisation délivrée par les autorités pour y pénétrer. C'est incompréhensible, dans la mesure où une seule piste traverse ce parc et qu'il est impossible de s'en écarter. Argh ! Ce n'est pas comme ça que l’Équateur fera venir des touristes sur son territoire... Demi-tour. Il est cette fois conséquent et nous fait frôler pour la seconde fois de la journée les faubourgs de Quito. Autant dire que strictement rien ne nous incite à musarder. C'est chargé en voitures et camions, ça sent l'essence et c'est bruyant. Auparavant, dégoûtés, nous nous étions arrêtés prendre un bon café et des brioches dans un petit restaurant routier. Les 2 cuisinières, toutes souriantes se sont laissées facilement prendre en photo. Un feu de bois nous invitait à prendre notre temps. Ce que nous avons fait. Un moment bien sympathique.
Une fois traversée cette zone urbanisée sans attrait, nous grimpons à nouveau jusqu'à atteindre le point zéro. Là où est aménagée une sorte de monument marquant la ligne de l'équateur. Une colonne, un sillon creusé dans une esplanade pavée. Mais nous refusons de dépenser 3USD chacun pour avoir le droit d'y faire une photo. Il est même indiqué sur un panneau que pour y pénétrer avec sa moto, c'est 5USD de plus ! Décidément, le gouvernement n'a rien compris. Je "vole" une photo de l'endroit, prise depuis l'extérieur. Un restaurant se trouve de l'autre côté de la route. Nous y déjeunerons. Et juste à côté du restaurant se trouve une borne, nettement plus ancienne et nettement plus jolie qui marque tout aussi bien la ligne de l'équateur. De celle-là, j'en ferai une belle photo.
Dans l'après-midi et sur le chemin qui nous mène à Ibarra, nous allons emprunter quelques tronçons de pistes déjà prévus au GPS et d'autres, improvisés. Nous avons faim de pistes et ce grand détour nous a privé de trop de traces tout-terrain. Ibarra est une grande ville au patrimoine historique assez riche. Nous y pénétrons par le nord. Un point de vue est aménagé sur un promontoire. Quelques kilomètres encore et nous voici arrivés à notre hôtel. Un vaste complexe, plutôt luxueux et... Vide ! Non, j'exagère. Il y a 1 client. L'endroit est constitué d'un ensemble de villas à 2 étages de 4 très, très, très vastes chambres chacune, super bien aménagées et jolies. Il y a aussi des salles de réception, des salons, des jardins, une piscine couverte... Et tout ça inoccupé. Le patron nous indique un bon restaurant en ville. Il nous commande un taxi et vers 19h00 nous voici à table. Le patron du restaurant est un bavard. Il s'intéresse à notre périple. Taxi à nouveau pour rentrer à l'hôtel et au lit !
Ibarra/Cotacachi
Quand ça veut pas, ça veut pas...
Au départ de l'étape ce matin, tout va bien. Il fait doux et le ciel est dégagé. Nous sortons d'Ibarra en moins de temps qu'il n'en faut pour changer une roue. En quelques kilomètres d'une piste une nouvelle fois pavée, nous voila propulsés 1000 mètres plus haut. Soit à 3500 mètres d'altitude environ. À cette hauteur, les fermes disséminées un peu partout animent les versants des montagnes. En milieu de matinée, nous amorçons notre descente vers la vallée qui, vers le nord, mène à Tulcan, à la frontière colombienne, distante de 50 kilomètres à peine. C'est là que tout se gâte.
À un check-point, nous sommes refoulés manu militari par un képi. Argh ! Les communautés locales de la province de Carchi se tapent et se tirent dessus. J'avais lu sur le site du Ministère de l'Intérieur que des orpailleurs faisaient de-même un peu plus à l'ouest, autour du village perché dans la montagne, à La Merced de Buenos Aires exactement. C'est la raison pour laquelle j'avais préparé un itinéraire de contournement de la zone, au cas où... Mais là, c'est tout nouveau dans le secteur et totalement imprévu. Demi-tour et plan B improvisé. Comme tous les autres véhicules en transit nous sommes dirigés vers une ancienne route, pavée mais complètement défoncée, plus au sud et qui, globalement ramène à Ibarra... Notre point de départ ! Donc durant cette première partie de journée, nous allons faire... Une boucle. Heureusement, la piste qui nous a menés jusqu'ici était assez jolie. Sur la dernière partie en descente, nous nous serions crus au fond d'un oued asséché du Maroc. Et juste avant, un peu plus haut, le paysage ressemblait à la Provence !
Bon, on ne va pas se mentir, le retour vers Ibarra aura été un calvaire. Beaucoup de véhicules lèvent de la poussière qui nous empêche de bien anticiper les pièges de la piste. Beaucoup de pavés qui en ont marre de se faire rouler dessus se sont carapatés sur les bas-côtés. Dans les virages, une épaisse couche de fesh-fesh se forme régulièrement au passage des lourds camions. Nos roues chassent et la chute n'est jamais très loin. Passée la ville d'Ibarra, nous reprenons au nord-ouest dans l'espoir de retrouver notre trace au plus près de la zone de conflit. Des policiers en armes bloquent les limites routières du périmètre. Faut pas rigoler ! Après une pause soda et brioches à la marmelade, à Salinas, un village presque fantôme et glauque au possible, nous nous engageons sur une piste, plein ouest. Raté, encore raté... Des pistes pourtant matérialisées sur mon fond de carte ont été soit mangées par la végétation, soit englouties par les plantations de cannes à sucre. Damned. À force de suées et de demi-tours, nous parvenons non sans mal à retrouver mon tracé. Nous ne sommes plus qu'à 21 kilomètres de notre ville étape. Autant dire que nous sommes arrivés et il n'est que 12h30 !
Grosse, grosse déception. Une journée à oublier sauf que, compte-tenu des événements elle restera gravée dans nos mémoires. Cotacachi est une jolie ville. Nous allons nous y promener une bonne partie de l'après-midi, non sans avoir préalablement pris en compte nos chambres à l'hôtel et mis nos motos en sécurité.
Cotacachi/Quito
Dernière étape de notre voyage... Réussie ! Sans être exceptionnelle, la trace aura été très agréable à rouler, dans des paysages encore différents de ceux déjà observés.
Au départ de Cotacachi, nous allons découvrir la Laguna Cuicocha et ses deux îlots. La luminosité n'est pas terrible. La brume s'est invitée dans l'ancien cratère volcanique. Immédiatement après, nous nous engageons sur une première piste bien sympathique, assez étroite et cassante. Puis c'est une très large piste stabilisée qui s'offre à nos roues sur plusieurs dizaines de kilomètres. Elle serpente dans la forêt. Nous cruisons à environ 3000 mètres d'altitude. Dès que nous perdons un peu d'altitude, une brume épaisse et plutôt humide s'abat sur nous et sur la chaussée qui devient alors très glissante. Nous sommes systématiquement repeints en ocre-rouge chaque fois que nous croisons un véhicule. Heureusement, c'est plutôt rare.
Nous parvenons péniblement à trouver un petit restaurant pour midi. Il se situe dans le seul village traversé en plus de 200 kilomètres de pistes ininterrompus. Ensuite, nous allons un long moment emprunter une piste de crête. Le vert est partout. Un très bon moment de roulage dans ce secteur encore. À 61,2 kilomètres exactement avant le point d'arrivée de cette étape... Je crève de l'avant ! Non mais vous le croyez, ça ?! La réparation s'effectue rapidement, à la rustine, et c'est reparti.
Nous grimpons une dernière fois à 3200 mètres d'altitude puis c'est la descente sur Quito. La traversée de la ville se fera assez facilement. Nous déposons nos bagages à l'hôtel, puis nous démontons nos supports de GPS et en route pour restituer les motos.
Le percement du carter moteur de la moto d'Anthony est bien sûr au centre des discussions. Nous parvenons à faire baisser très sensiblement le prix demandé. Tape dans la main et c'est bon.
Un grand merci à Fifi et Anthony pour la qualité de leur pilotage.