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CROATIE

Le pays mitraillé

GORANDO - Récit de voyage à moto - Croatie

Riche d'un extraordinaire patrimoine architectural, de paysages côtiers époustouflants et d'espaces naturels préservés, la Croatie mérite vraiment le voyage. Au départ de Zagreb et en une semaine seulement il est possible de se rendre en Istrie tout d'abord, puis de longer tranquillement la côte dalmate jusqu'à atteindre Dubrovnik, la perle de l'adriatique, sans oublier d'aller visiter en chemin, à l'intérieur des terres, l'incontournable Parc National de Plitvice et sans manquer non plus la découverte de quelques-unes des innombrables îles qui constellent la Mer Adriatique.

Pourtant, ici et là, comme autant de témoins de la guerre menée par la population croate pour la reconquête de son intégrité territoriale - obtenue seulement en 1995 après la dislocation de la Yougoslavie initiée durant le second conflit mondial - de nombreuses bâtisses mitraillées, souvent ruinées et parfois même minées sont encore visibles.

Je resterai donc à jamais marqué par les traces macabres des combats, mais également subjugué par la beauté des paysages de ce pays qu'à mon tour je mitraille en revanche pacifiquement et sans retenue de photographies. Clic !


Zagreb, la capitale de la Croatie est une ville à trois visages. Un premier qui fait peur, un second qui laisse indifférent et un troisième qui enthousiasme.

Au nord, la ville est adossée à la montagne. Au sud, dans la plaine, les quartiers situés entre la ligne de chemin de fer et la rivière Sava sont très moches. Ils sont constitués de grands immeubles défraîchis et sales qui ont été bâtis dans l'entre-deux-guerres et jusque dans les années 70. Les "barres" pourtant plus récentes de Novi Zagred, édifiées encore plus loin, sur l'autre rive du cours d'eau ainsi que vers l'est et vers l'ouest pour accompagner le développement de la cité sont guère plus photogéniques.

Je ne dégainerai pas davantage mon appareil photos dans la ville basse, Donji Grad, le second visage de Zagreb austère avec ses gros blocs massifs et ses jardins "crottoirs à chiens" où les plantations peinent à sortir de terre. À moins qu'elles s'y refusent, tout simplement... !?

La ville haute de Zagreb est, elle, très jolie. Deux quartiers historiques s'y disputent la faveur des visiteurs : Gradec et Kaptol.

Autant dans les larges avenues des "bas quartiers" de Zagreb la circulation est aisée, autant là, dans ces rues pentues et au revêtement souvent dégradé, scarifiées de rails de tramways, fréquemment à sens unique lorsqu'elles ne sont pas carrément en impasse, il est compliqué de s'y retrouver. Et c'est sans compter mes erreurs d'inattention, le regard perdu vers le ciel ou au contraire les yeux rivés sur la chaussée. Heureusement, j'ai choisi pour cette première nuit sur le sol croate un hôtel situé juste au pied de la cathédrale, dans le quartier aéré de Kaptol. Je peux donc presque à tout moment, de loin, viser mon objectif. Nul besoin de GPS.

En ce début de printemps la lumière du jour décline rapidement. Les quartiers de Gradec et Kaptol étant très petits, je décide de déposer tout mon paquetage à l'hôtel et de partir immédiatement à pied à la découverte de la ville. Je ne passerai qu'une seule soirée à Zagreb alors, autant en profiter pleinement.

Je me dirige tout d'abord vers la place Bana Josipa Jelačića, le vrai cœur de Zagreb. Elle fait la jonction entre la ville basse et les quartiers historiques de la ville haute. Le lieu est très animé. De bruyants tramways s'y croisent sans relâche.

Je pousse ensuite jusqu'au théâtre national, construit en plein champs en 1895 et seul édifice légèrement coloré et attrayant de la ville basse d'aujourd'hui. À l'époque cette audacieuse construction préfigurait le développement urbain de la cité.

De retour sur la place Bana Josipa Jelačića en passant par le parc Zrinjevac, j'emprunte la rue Ilica pour aller jeter un coup d’œil au funiculaire, rue J.E. Tomićeva exactement. Zut ! Je viens de le manquer. Je m'élance alors dans l'escalier qui longe la rampe à câble. Elle est raide, cette grimpette !

C'est tout essoufflé que j'entre dans Gradec. D'ici, le panorama sur la ville basse est fabuleux à la nuit tombante. Je déambule ainsi plus d'une heure dans les ruelles étroites et sur les places bordées de belles demeures jusqu'à atteindre la porte Kamenita, vestige des remparts du quartier voisin de Kaptol. Je dînerai en terrasse dans la rue grouillante de vie d'Opatovina. Il fait cependant vite frais. Le restaurateur, voyant cela met à la disposition de ses clients des couvertures et installe un chauffage au gaz sous la tonnelle. Ah ! Ça va mieux...

Il fait nuit noire lorsque je rejoins mon hôtel, à quelques centaines de mètres de là. La cathédrale, illuminée, me sert à nouveau de repère.


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ÉTAPE 1
Zagreb/Rovinjz

Pour cette première étape j'ai choisi de me rendre en Istrie. Sortir de Zagreb est aisé et prendre l'autoroute aura été une bonne idée. En effet, au moment de traverser les montagnes de Velika Kapela, à l'approche de Rijeka, j'essuie une bonne tempête de neige à laquelle je n'étais pas vraiment préparé . Aglagla !

Mais heureusement, le beau temps revient rapidement. Les tunnels se succèdent et, à la manière d'une taupe je m'enfonce - c'est bien le mot ! - dans la région touristique de l'Istrie. À Lupoglav, je quitte l'autoroute. Quelques kilomètres encore et je m'engage à gauche sur une toute petite route en direction du charmant village de Hum, la plus petite ville du monde parait-il ?!

C'est vrai qu'il n'est pas gros, le village fortifié de Hum. Posé sur un piton rocheux, il ne compte que deux ruelles pavées et une église. On y entre par un joli porche. Les maisons, faites de grosses pierres et sans artifices sont couvertes de tuiles. L'ensemble est plaisant à découvrir, tout comme le point de vue sur les montagnes environnantes depuis la placette ombragée. À l'extérieur de l'enceinte, une chapelle offre à voir de belles fresques. Une bonne entrée en matière !

Un peu plus loin, à Kotli, la rivière Mirna qui n'est ici encore qu'un ruisseau a creusé un étroit canyon dans la roche. L'eau, limpide, alimentait jadis un moulin aujourd'hui ruiné et visible en contre-bas.

C'est toujours par de petites routes et parfois même par des pistes qu'après un arrêt à Buzet pour y découvrir la ville haute également fortifiée je me rends à Motovun. Je trouve qu'il sonne bien ce nom !

Motovun est perché à 250 mètres environ. On accède à cet ancien castrum romain cerné de remparts circulaires par une unique rue pavée, très pentue et bordée d’échoppes et de restaurants. Là aussi un porche marque l'entrée de la citadelle.

Demi-tour. Je rejoins dans la vallée la route qui serpente près de la rivière Mirna canalisée et je me dirige maintenant toujours plein ouest vers le plus beau village perché de l'Istrie, Grožnjan. Magnifique !

Sitôt la porte d'entrée franchie, on peut admirer à droite une belle galerie couverte. De petites ruelles serpentent en tous sens entre les maisons au style vénitien marqué. Panoramas, escaliers, porches se succèdent. Un bien bel endroit ! En ce début de saison touristique, déjà quelques boutiques et restaurants sont ouverts pour piéger les quelques visiteurs de passage...

C'est reparti ! Direction la mer ! Au rond-point de Ponte Porton je retrouve la "grande" route et le canal. 20 kilomètres encore et me voici arrivé à Novigrad. Cette charmante petite cité maritime invite à la flânerie. Le port de pêche est vraiment sympathique à voir et les maisons colorées de la vieille ville qui l'enserrent le sont tout autant.

Après avoir traversé la rivière Mirna qui se jette dans la Mer Adriatique à la sortie de Novigrad, je prends la direction de la presqu'île historique de Poreč. La Basilique Euphrasienne, classée au Patrimoine mondial de l'Unesco en constitue le principal attrait.

Toujours plus au sud et dans un paysage de forêt buissonnante, je découvre bientôt le relief escarpé de Limski Kanal. La Mer Adriatique pénètre ici dans les terres sur plus de 10 kilomètres. Quelques pêcheurs professionnels occupent les eaux calmes de la ria.

Ce n'est qu'en toute fin d'après-midi que j'atteins Rovinj, mon étape de ce soir. Je trouve facilement l'hôtel que j'avais repéré. Il est situé au bord de la mer, à quelques centaines de mètres seulement du cœur historique de la cité. Prise en compte de la chambre, une bonne douche et zou ! Direction le centre-ville !

Le promontoire rocheux sur lequel est perchée l'église Sainte-Euphémie a beaucoup de charme. De très étroites ruelles permettent d'atteindre le sommet. De là-haut on domine le port de pêche où sont amarrées des dizaines de petites embarcations. La nuit tombe, les quais commencent à scintiller de mille lumières... Magnifique ! Un bon plat de poisson et une bonne bière locale clôtureront agréablement cette première journée de roulage.


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ÉTAPE 2
Rovinjz/Plitvice

Premier temps fort de cette seconde et longue étape en Croatie, la visite de Pula. Je ne m'attarde donc pas ce matin à Rovinj et préfère me rendre directement dans cette ville riche de vestiges romains. Arrivé sur place, je stationne ma moto au pied des arènes. Le monument construit sous l'Empereur Auguste au tout début du Ier siècle après J.C. est spectaculaire. De forme elliptique (105x133m), les arènes pouvaient jadis accueillir plus de 20.000 spectateurs. Des combats de gladiateurs et des "repas de fauves" - Glurps ! - y ont été organisés et "servis" - Re-Glurps ! - jusqu'au VIIe siècle après J.C.

Seul, dans les sous-sols des arènes, agrippé à la lourde grille de la cage aux fauves, je m'essaie à rugir comme un lion ! Ça résonne fort, c'est énorme ! Content de moi, je m'éclipse... En silence.

Je me rends ensuite à l'extrémité sud-ouest de la ville, là où se trouve le Temple d'Auguste. Dédié à l'Empereur et édifié durant son règne, le petit monument, très équilibré, présente un portique à six colonnes corinthiennes admirablement bien conservé.

Je décide d'aller enfin jeter un coup d’œil à la forteresse bâtie sur les hauteurs de la vieille ville. De là-haut le point de vue sur la cité, les arènes, d'autres vestiges romains et les installations navales est remarquable.

Direction maintenant Kamenjak, la pointe sud de l'Istrie. La zone est classée réserve naturelle. Balayé par les vents, l'endroit ne sent pas le moisi, c'est le moins que l'on puisse dire ! Depuis le village de Premantura de nombreuses pistes on ne peut plus chaotiques mènent à l'extrémité sauvage de la péninsule. Elles serpentent dans tous les sens, se croisent, se recroisent, montent et descendent... Pas facile de s'y retrouver. Parvenu au "bout du bout" je cache ma monture dans un bosquet. Non pas par peur qu'elle me soit volée, mais plutôt pour que je ne la retrouve pas "sablée et prête à peindre" après ma balade tant les bourrasques de ce vent tourbillonnant soulèvent la poussière abrasive.

Attiré par le fracas assourdissant des vagues sur les rochers, je parviens avec peine à trouver un minuscule passage au travers des buissons d'épineux - Aïe ! - pour enfin atteindre le rivage. Le spectacle est grandiose ! Au loin, un phare construit sur un petit îlot se fait littéralement "kärchériser" par les déferlantes.

C'est tout ébouriffé que je reprends la piste, puis la route, puis l'autoroute pour me rendre pour déjeuner à Pazin, un village touristique situé juste au centre de l'Istrie.

Je suis déçu. La ville, accrochée à une falaise est assez quelconque. Un château médiéval surplombe le gouffre qui fait la notoriété du lieu. Mais j'ai faim ! Manque de chance, aujourd'hui à Pazin... Pas (z)un restaurant d'ouvert semble-t-il ?! Ah si ! Tout là-haut, accroché à la falaise, j'en vois un. Dans l'ambiance surannée de la salle du restaurant, en attendant d'être servi, je prends le temps de me documenter sur Pazin. C'est ainsi que je découvre que Mathias Sandorf, héros d'un roman d'aventures de Jules Verne serait parvenu à s'échapper du château dans lequel il était emprisonné en se faufilant dans les galeries de la rivière souterraine qui coule au fond du gouffre. Affaire à suivre...

En début d'après-midi je roule à nouveau vers Rijeka, porte d'entrée et de sortie de l'Istrie. La route, en corniche, offre de belles vues sur le golfe de Kvarner, sur les Îles de Krk et de Cres.

Jusqu'à Senj je longe la côte dalmate. Le vent souffle fort, comme souvent ici. Je fais des embardées importantes sur la chaussée. Je me cramponne à mon guidon. Au rond-point de Senj, une barrière interdit carrément aux deux-roues de poursuivre par la route côtière, trop dangereuse ! Heureusement, c'est là que je tourne à gauche, vers la montagne.

La route qui mène au panorama de Vratnik, tout là-haut, tournicote dans un canyon, véritable goulet à courant-d'air. Je me fais balader d'un côté à l'autre de la voie. C'est sportif ! Le vent est glacial, le soleil a disparu derrière d'épais nuages... Manquerait plus qu'il neige !

Parvenu au sommet... Il se met à neiger ! Et comme dirait Jamel Debbouze dans la série télévisée H : "Non mais dis-moi pas qu'c'est pas vrai ?!". Eh bien si, il neige !

Frigorifié, je m'engage maintenant sur une sorte de plateau vaguement cultivé, vaguement habité aussi. Sitôt après avoir enjambé l'autoroute qui relie grosso modo Zagreb à Dubrovnik, je pénètre dans Otočac. Au milieu du village, à gauche, bien en évidence, on peut voir une grande bâtisse criblée de balles et d'éclats de mortiers. Elle a visiblement été volontairement préservée ainsi, sans doute pour que tous nous gardions à l'esprit les traces que peuvent laisser nos stupides "guéguerres". J'avais déjà froid dans le dos mais alors là...

Avec ce ciel chargé le jour décline vite. Il fait déjà presque nuit. La chaussée est glissante, je ne suis pas serein. À Vrelo Koreničko je tourne à gauche plein nord sur la route nationale N°1. C'est un axe beaucoup plus emprunté que celui que je viens de quitter, je retrouve un peu de confiance. Aux abords du Parc National de Plitvice, à 600 mètres d'altitude environ, dans le sous-bois où se trouve mon hôtel que j'atteins finalement sans encombre il y a bien 5 centimètres de neige au sol. Et demain... Quel temps fera-t-il ?


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ÉTAPE 3
Plitvice/Zadar

À mon réveil ce matin, la première chose qui me vient à l'esprit c'est de me dire : Mais quel temps fait-il ? Ouf ! Durant la nuit la neige a presque totalement fondu. Mon angoisse vient de fondre également.

Après un mauvais petit-déjeuner pris - tout comme l'avait été mon dîner hier soir - dans une immense salle, haute de plafond, au décor "full marbre" tout soviétique et où, à voir la tête du personnel règne une ambiance "guerre froide", je m'équipe chaudement pour la visite du parc. À 8h30 je suis déjà devant un guichet, le visage collé à l'hygiaphone pour y acheter mon ticket d'entrée. Pas un seul touriste... Yes ! Tout rien que pour moi !

Le Parc National de Plitvce est vraiment superbe. Il mérite bien son classement au Patrimoine mondial de l'Unesco. 16 lacs et une kyrielle de sources, de torrents et de cascades sont visibles depuis les pontons de bois branlants et les sentiers boueux qui serpentent entre les grandes herbes et en forêt. Plusieurs circuits libres sont proposés et des bateaux-navettes permettent de traverser les étendues d'eau les plus vastes. Un réseau de trains sur roues complète le dispositif de visite. C'est magnifique et à ne manquer sous aucun prétexte, pour peu que l'on sache faire abstraction de l'état médiocre des installations, franchement datées ! Compter 4 bonnes heures de promenade.

Ce n'est qu'en début d'après-midi - après avoir dégusté un bon sandwich, assis sur un vieux tronc d'arbre au soleil – que je me décide à poursuivre mon voyage et à reprendre vers le sud la route nationale N°1. De-ci de-là subsistent quelques plaques de neige. Mais pas de verglas, c'est l'essentiel.

À Korenica, je bifurque à droite. Peu avant Gospić et tout comme hier, je franchis l'autoroute. Partout dans la campagne, dépeuplée, j'observe d'innombrables maisons ruinées. Quelques panonceaux interdisent même l'accès à des champs en friche, minés. C'est assez glauque tout ça... D'autant plus qu'un vent très fort et glacial apparaît à l'approche des montagnes de Velebit et de la côte. Après avoir béquillé ma moto derrière un muret presque dépassé par une congère et pour ne pas qu'elle soit déséquilibrée par une rafale, c'est quasiment à quatre pattes que je dois progresser jusqu'au panorama sur l'Adriatique tellement le vent est violent.

Après ce bon bol d'air, prudemment, je m'élance dans une vertigineuse descente vers Karlobag, tout en bas au bord de la mer. De là je repique au nord jusqu'à l'embarcadère de Prizna. Je ne suis pas bien rassuré à l'idée de prendre le ferry pour l'île de Pag avec cette mer déchaînée...

Finalement la traversée s'effectue sans encombre. Même pas malade !

Pag est une île presque totalement minérale. Partout de petits murets protègent du vent les minuscules champs de... Cailloux et de brebis ! Rien ne pousse ici ou presque. Quelques ceps de vigne et autant d'oliviers clairsemés parviennent quand même à verdir le paysage au nord, dans quelques enclaves plus fertiles, tandis que les marais salants occupent le sud de l'île. C'est à mi-chemin que se situe le petit village de Pag que je rejoins lentement par une piste défoncée, tout au bord de la mer, côté continent. Je peux à peine tenir sur la moto tant le vent est fort. C'est assez déroutant... Dans tous les sens du terme !

Peu avant de franchir le pont qui relie Pag au continent je prends une toute petite route, à droite. Elle mène à un fortin et à un quai apparemment désert où est amarré un unique bateau, franchement beau mais franchement rouillé aussi. Sur ce quai, vingt chats au moins vont et viennent. Ils sont sortis de nulle part. Ambiance fin du monde garantie !

En chemin vers Zadar, ma ville étape, je m'arrête quelques instants à Nin. Ce petit îlot habité, planté au milieu d'un lagon est vraiment sympa à voir.

J'ai choisi pour cette quatrième nuit en Croatie un hôtel situé dans le cœur historique de Zadar. De là il me sera facile j'en suis sûr d'aller contempler le coucher de soleil qui, à entendre les habitants est le plus beau de Croatie, rien que ça ! Effectivement, il est beau. Un orgue marin, créé en 2005 par un artiste ingénieux et qui sonorise le mouvement des vaguelettes engendrées par le vent ou le passage des bateaux est là pour parfaire l'ambiance. À la nuit tombée, je dînerai au pied de la cathédrale Anastasia, au centre de la citadelle.

Une bien belle journée encore !


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ÉTAPE 4
Zadar/Sibenik

L'étape d'aujourd'hui me mènera à Sibenik, une autre superbe ville de la côte dalmate. En ce début de matinée j'emprunte tout d'abord la route nationale N°8 qui longe la Mer Adriatique en direction du sud. Je traverse Sukošan, Biograd na Moru, Pirovac et bien d'autres villages, plus petits. Cette route, très touristique compte un nombre incalculable de restaurants qui, déjà, de bon matin font cuire à la broche le cochon ou un agneau dans d'immenses barbecues couverts habilement positionnés tout près de la chaussée, sûrement pour diffuser de bonnes odeurs de viande grillée et attirer le chaland. Mais c'est qu'ils me donneraient faim !

Quelques kilomètres encore et je bifurque à gauche, vers l'intérieur des terres. La route s'élève doucement dans la campagne, très cultivée mais déserte. J'enjambe un nouvelle fois l'autoroute qui relie Dubrovnik au nord du pays et je prends vaguement la direction de Knin, une ville discrète située près de la frontière de la Bosnie Herzégovine. Mais je n'irai pas jusque là. Je tourne à droite.

Dans une atmosphère d'apocalypse et un paysage totalement désolé, je roule à présent sur la route presque rectiligne qui me mène aux cascades de Roški, à l'entrée du Parc National Krka. Partout des maisons aux toits de lauzes délabrées, des carcasses de voitures d'un autre âge, des fils électriques qui pendouillent, des chiens errants. Partout aussi des murets de pierres sèches qui clôturent de minuscules parcelles, des rochers imposants, des buissons tous rabougris et des panneaux : Danger, sangliers ! Méfiance donc.

Le paysage change radicalement à l'approche des chutes d'eau. Le vert domine et il fait presque frais. Bien moins "carte postale" que le Parc National de Plitvice, Krka est tout aussi réjouissant. Tout au long de son cours, la rivière Krka a creusé le plateau karstique en une série de gorges et de cascades. Je me trouve là au débouché du profond canyon qui se prolonge en amont jusqu'aux portes de Knin et à l'endroit précis où la rivière tumultueuse se transforme en un paisible lac. Superbe !

Accroché à la falaise un escalier super haut, super raide et super fatiguant permet d'accéder à une grotte préhistorique ouverte à la visite mais... Super petite ! Tout ça pour ça ?! De là on bénéficie tout de même d'un beau panorama sur la rivière et sur les chutes d'eau.

Je chevauche à nouveau ma monture pour aller, plus loin en aval, voir le Monastère franciscain de Visovac édifié au XVe siècle sur un îlot, au milieu de l'eau. Une route toute en lacets permet de descendre jusqu'à la rive du lac.

Je continue à longer l'étendue d'eau tout en me rapprochant de Sibenik. Un arrêt s'impose aux chutes de Skradinski. Ce sont parait-il les plus spectaculaires du parc. Ce n'est pas faux. La nature y est exceptionnelle. La flore, la faune et, l'été, les baigneurs peuvent ici en profiter pleinement. Sur l'esplanade, une unique cabane à souvenirs croule sous les mochetées en plastique bas de gamme.

Encore quelques kilomètres, un énième passage au-dessus de l'autoroute - toujours la même - et me voici rendu à Sibenik. La ville est située à l'embouchure de la rivière Krka, bien protégée au fond d'une ria.

Je vais déambuler un long moment dans les ruelles étroites de la ville. M'y perdre, aussi ! La cathédrale Saint-Jacques, à deux pas des quais vaut vraiment le coup d’œil et le soleil qui se couche réchauffe de ses teintes orangées les façades des belles demeures aristocratiques. Les terrasses du château Saint-Michel offrent un joli point de vue sur la cité également.

Ce n'est qu'après le dîner que je rejoindrai mon hôtel, à Tribunj, à une quinzaine de kilomètres au nord de Sibenik, au bord de l'Adriatique. Aaaaah ! Je vais passer une bonne nuit !


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ÉTAPE 5
Sibenik/Hvar

Aujourd'hui, ça ne rigole pas ! J'ai un programme de visites super chargé et, surtout, un ferry au départ de Split à ne pas manquer pour rejoindre l'île de Hvar. Je quitte donc Tribunj très tôt, j'évite habilement le centre-ville de Sibenik et ses rues encombrées pour retrouver assez vite la route côtière qui doit me mener à Primošten pour un premier arrêt.

J'adore Primošten ! Cette minuscule presqu'île est pleine à craquer de petites maisons imbriquées les unes dans les autres, de jardinets odorants, d'habitants adorables. Même l'âne bruyant que je viens de croiser dans ce labyrinthe d'étroites venelles a une bonne bouille ! Dommage que je ne comprenne pas ce qu'il dit... Peut-être exprime-t-il à sa manière sa joie d'être là ?! Il doit "kiffer grave" alors ! Un chemin pas très large et empierré fait le tour de la presqu'île. Où que je porte le regard je suis émerveillé par la beauté des paysages. Je me ferai par contre plus discret que l'âne...

Je continue mon périple, toujours par la côte et en direction de Trogir maintenant. Je prends tôt la direction du centre-ville... Très mauvaise idée ! Je me traîne, ça n'avance pas devant... Grrrr !

L'heure tourne... Je choisis à regret de ne pas m'éterniser dans la cité médiévale de Trogir pourtant inscrite au Patrimoine Mondial de l'Unesco mais plutôt de poursuivre ma route. La vingtaine de kilomètres qui, dans un paysage urbain sans le moindre intérêt me sépare du port de Split me semble interminable. Finalement je n'aurai que deux petites heures pour visiter le centre historique de la ville avant d'embarquer. Dommage. Il est vrai qu'en ce début de saison touristique les rotations des ferrys sont moins nombreuses, alors il n'est pas question que je rate le départ.

Split est une très jolie ville. Une de plus ! Mais pour une fois son cœur historique ne se trouve pas sur une presqu'île ou dans une citadelle massive mais dans les "restes" d'un élégant palais ayant appartenu à l'un des deniers empereurs romains. Grandiose ! Passée la porte principale, je me perds presque immédiatement dans les ruelles très animées et au charme fou de la vieille ville. Là un très vieil homme joue quelques notes de piano. Les belles façades font écho à sa musique. Il est vite rejoint par trois jeunes percussionnistes attirés par cette mélodie et tous improvisent un excellent morceau de jazz. Un sandwich, une glace, un café et, malheureusement, il est temps pour moi de me diriger vers le port.

Sur une mer d'huile mon ferry s'éloigne lentement de Split. La lumière, au fond, sur la montagne enneigée est superbe. Bientôt nous frôlons les îles de Šolta et de Brač puis nous nous dirigeons tout droit vers l'embarcadère de Stari Grad, sur la séduisante île de Hvar. Instants magiques.

Une fois à Hvar, je vais à Hvar ! Sans doute le village a-t-il donné son nom à ce bout de terre... À moins que ce soit l'inverse... Peu importe ! À Hvar, tout est à voir !

Dans sa partie ouest, l'île est très minérale. Presque autant que Pag. La route s'élève rapidement sur le versant nord, puis disparaît dans un long tunnel pour réapparaître sur l'autre versant, abrupt, face aux eaux limpides de la Mer Adriatique. La route serpente alors de crique en crique dans un paysage de maquis et, à mesure que je m'approche du village de Hvar, je suis enivré par les senteurs de lavande et d'épineux qui se dégagent des petites parcelles cultivées, cernées de murets chauffés par le soleil de la journée. L'île et la cité sont très prisées des touristes en été... Ce n'est pas surprenant !

Bien protégée de la houle par un chapelet d'îles et entourée de collines, Hvar s'organise autour d'un minuscule port dont les eaux claires "lèchent" les quais. Le centre-ville étant interdit à la circulation, il est vraiment très agréable de se promener sur la grande place bordée de belles bâtisses et dans les étroites ruelles. Au sol, partout les grandes dalles calcaires semblent lustrées tellement elles ont été piétinées. Dans les jardins clos de hauts murs, les orangers diffusent d'envoûtants parfums. Le soleil vient de disparaître à l'horizon. Seuls le fort perché tout là-haut bénéficie encore de sa lumière chaude. Je dînerai en terrasse, sur la grande place. Assis à côté de moi, "des anciens" me donnent l'impression de vouloir refaire le monde tant ils font de grands gestes et parlent fort. Plus loin, un chien vient pisser juste sur une jardinière de plantes aromatiques. Que c'est poétique ! Euuuuh... Pour moi ce sera sans herbes, le plat de poisson, merci !

Je ne peux me résigner à regagner mon hôtel. Et pourtant, il le faut...


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ÉTAPE 6
Hvar/Dubrovnik

Ce matin je vais me faire plaisir : Prendre mon petit déjeuner dans un palace au bord de l'eau ! Royal ! Hvar a un petit côté Saint-Trop'... Manquent plus que quelques célébrités de la jet-set à ma table pour que le tableau soit parfait (ou pas). Mais non, ce n'est sans doute pas encore la saison des "bimbos siliconées" et autres "bellâtres gominés" ! Personne.

Croissants, brioches, pain grillé... Confitures, marmelades, compote... Fruits frais, jus de fruits... Café court, café long, avec du sucre, avec de la crème, avec les deux... Repu, je quitte Hvar à regret. Pas tout à fait encore.

Je me rends tout là-haut à l'entrée de la forteresse. En prenant bien garde de ne pas me piquer aux agaves et aux cactus agressifs je m'avance jusqu'à découvrir le point de vue sur la ville en contre-bas et au loin sur les îlots et la mer. Superbe !

J'ai un impératif aujourd'hui : Ne pas manquer le ferry de Sućuraj, un minuscule village situé tout à l'est de l'île de Hvar et qui doit me transporter jusque sur le continent, à Drvenik exactement. J'ai prévu d'embarquer vers midi.

Après un premier arrêt à Stari Grad puis une autre pause à Jelsa, je m'engage sur l'unique route qui mène à l'est de l'île. Très sinueuse et ponctuée de quelques jolis hameaux, elle offre de beaux panoramas sur la Mer Adriatique, tantôt à gauche, tantôt à droite. Ma progression est lente tant il y a de choses à découvrir et à photographier.

Houlà ! L'heure tourne...

Au loin se profile Sućuraj. Je devine même le ferry qui manœuvre dans le port. Mais qu'est-ce qu'il fait ? Il s'en va ?... Arghhh ! Je l'ai raté ! Il s'en est fallu de peu pourtant. Un coup de gaz en plus, une photo en moins... Je ne sais pas. Enfin si, je sais que je suis sûrement "scotché" là pour un bon moment ! Grrrr !

Je peine à trouver quelqu'un pour me renseigner. L'horaire du prochain ferry m'est finalement communiqué. Pas avant plus d'une heure. Ça ne correspond pas du tout à ce que j'avais pu noter sur le site Internet de la compagnie maritime. Pas surprenant que j'ai alors loupé celui qui s'éloigne... Re-Grrrr !

Pas un bistrot d'ouvert, pas un restaurant non plus, ni même une épicerie. Je me contenterai donc ce midi des pâtisseries et des fruits que j'ai subtilisés dans le palace ce matin.

La traversée jusqu'à Drvenik est vraiment plaisante. Peu de temps seulement après avoir quitté le port de Sućuraj nous passons tout près du joli phare du bout de l'île de Hvar. Je le mitraille sans retenue. En quelques minutes me voilà déjà à Drvenik. Je prends maintenant la direction de Dubrovnik par la route côtière.

Après une incursion de quelques kilomètres en Bosnie Herzégovine sans intérêt j'arrive assez rapidement aux abords de Dubrovnik par le grand pont moderne qui surplombe la ville. Il est encore tôt, je choisis donc de pousser jusqu'à Cavtat. En chemin je fais un arrêt à Mlini, juste pour voir. J'ai bien fait !

Il est 15h30, il fait chaud, il y a là un bistrot branché planté sur les rochers juste devant moi, « rasibus » la côte, une table est libre à l'ombre d'un parasol fait de feuilles de palmiers, une légère brise souffle... Un café s'il vous plaît ! Le bonheur absolu.

Cavtat est une autre jolie bourgade bien protégée au fond de l'anse formée par deux presqu'îles où la forêt de conifères domine et où il doit faire bon vivre. Je m'autorise une belle balade depuis le port de pêche, à l'ombre des grands arbres.

En fin d'après-midi je reviens sur mes traces et, un ou deux kilomètres seulement avant Dubrovnik, je prends à droite le raidillon qui mène au magnifique belvédère du mont Srd. Quel drôle de nom !

La vue offerte sur Dubrovnik est extraordinaire. De là je peux "comprendre" la ville. Au cœur de la cité historique tout comme à l'extérieur des remparts les maisons et les monuments sont tous couverts de tuiles. L'harmonie est totale. Les palais, les églises et bien d'autres lieux chargés d'histoire se détachent nettement alors qu'il est pratiquement impossible de discerner les ruelles tant elles sont étroites. Allons voir ça de plus près !

Je consacrerai toute cette fin de journée, toute la soirée et une bonne partie de la nuit à déambuler dans la ville close, sur les quais alentours, avant de regagner tristement mon hôtel situé comme beaucoup d'autres dans l'anse de Lapad, à la sortie nord-ouest de Dubrovnik.

Quitter Dubrovnik et la Croatie aura été un déchirement. Mais quel beau pays, et quel beau voyage !

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