Randonnées/Raids - Initiation TT - Récits
Concept/Identité - Nous contacter (06.08.18.99.48)
HEXAZIMUT
La France à moto, tous azimuts
Au petit matin du premier jour du confinement, le 17 mars 2020, je me trouvais à l’aéroport d’Orly. Je revenais d’un voyage lointain. La police aéroportuaire avait mis en place à la hâte un pré-contrôle des passeports de tous les voyageurs en provenance d’un pays étranger ou souhaitant quitter le territoire national. En quelques heures, des milliers de gens allaient se retrouver ainsi agglutinés, parqués dans un espace exigüe cerné de barrières. L’endroit était inapproprié, les «rentrants» et les «sortants» s’entremêlant, le chao était total et le virus de la Covid-19 pouvait circuler allègrement.
Plus tard, depuis la fenêtre du bus-navette qui me transportait jusqu’à la gare Montparnasse, je découvrais Paris, totalement désert. C’était surréaliste et flippant à la fois. Très vite, je prenais conscience que les frontières allaient durablement se fermer aux visiteurs et que notre vie allait changer. Le monde devra se réinventer nous dit-on déjà. Qu’à cela ne tienne. Le projet Hexazimut naîtra en moins de deux heures, dans le TGV qui me ramènera de Paris-Montparnasse à Angers.
PAGE BLANCHE
Azimut provient du mot arabe «az-samt» qui signifie le droit chemin. Il a pour origine l'astronomie et fait référence à l'angle formé par le plan vertical d'un astre et le plan méridien du point d'observation. C’est un bon début. Il est question de direction, de chemin... bref de découverte. Ça me va.
Google Earth sur un écran, le fond cartographique IGN et le calque cadastral de Géoportail sur un autre et c’est parti ! Les Alpes, les Pyrénées, l’Auvergne, le Morvan, le Champenois, la Bretagne, l’Occitanie et même l’Île-de-France sans oublier «mes terres» d’Anjou n’auront bientôt plus de secrets pour moi. Je scruterai sur la carte le moindre bout de chemin, la moindre petite route pittoresque. De Paris à Barcelonnette ou Saint-Malo, du Massif du Pilat à la Dune du Pilat, je sillonnerai l’hexagone à moto, tous azimuts.
DESTINATION FRANCE
L’attrait touristique de la France est indéniable. Il s’explique par la grande diversité de ses paysages, par la richesse de son patrimoine architectural, culturel, gastronomique, par son climat qui autorise toute l’année les escapades motorisées. Un pays où il fait bon rouler... pour peu que l’on en ait l’autorisation !
Je me souviens avoir effectué plusieurs kilomètres dans mon jardin au guidon de ma KTM 890 ADV-R à peine rodée durant le premier confinement strict, ne tenant plus en place, puis avoir rayonné à maximum 1 kilomètre de mon domicile lorsque c’est devenu possible, prétextant alors un «achat essentiel». Chaque fois que la bride autour de mon guidon était un peu plus relâchée, je laissais s’exprimer davantage les chevaux de ma monture. Jusqu’à pouvoir, enfin, proposer à nouveau à des pilotes passionnés de m’accompagner dans la découverte de notre pays dans toute sa diversité. Et je ne m’en suis pas privé ! J’y ai ainsi parcouru plus de 20.000 kilomètres en à peine plus de six mois.
OÙ PARTIR EN HIVER ?
Pas facile de trouver de belles pistes praticables et de jolies routes sinueuses pas trop glissantes en plein mois de février. Au moins sur le papier, le Pays d’Oc et plus pécisément le PNR du Haut-Languedoc comme sans doute tout l’arc méditerranéen semble répondre à ces attentes. Pistes empierrées et nids de poules pas trop profonds sur les routes devraient être au menu «terre-mer» d’un tel périple. C’est donc là que je poserai mes roues pour un premier raid hivernal... bien raide ! Non pas que le terrain y soit très escarpé mais quand, en deux jours seulement, on essuie pluie battante, vent violent, brouillard épais et grésil frigorifiant, que les toutes petites routes de forêts sont tapissées de mousse gluante et de feuilles décomposées, le roulage devient compliqué.
Mais quel bonheur de s’enivrer des senteurs humides des eucalyptus s’élevant des côteaux dès que le soleil parvient à percer les nuages et à réchauffer le feuillage persistant des arbres. On pourrait presque se croire en Thaïlande, au cœur de la forêt primaire.
La découverte du Pays d’Oc aura été pour moi l’occasion de m’intéresser de plus près aux pistes DFCI (pistes servant à la Protection des Forêts Contre les Incendies). Elles sont administrées par les préfectures des départements où les massifs forestiers occupent une grande partie du territoire et peuvent être, pour certaines, potentiellement ouvertes à la circulation publique d’engins motorisés en-dehors des périodes de sécheresse. Vous noterez que je ne m’aventure pas dans des affirmations. Je laisse ça à l’agent verbalisateur que vous rencontrerez peut-être si vous vous y engagez sans vous documenter. Mais il sera alors peut-être trop tard, qui sait...
CÔTÉ CAMPAGNE
La campagne française est tellement riche de paysages bucoliques et ressourçants qu’il est difficile de faire un choix, le bon choix. Alors quand, sur la carte de France mon regard s’est porté sur la région parisienne je me suis dit non, je ne vais pas aller là quand même ?! Eh bien si. J’y suis allé et je ne le regrette pas du tout. En trois jours, au départ de la cité médiévale de Provins au sud-est de l’Île-de-France et en contournant la région en restant au plus près de sa limite administrative, j’ai pris du plaisir à rouler sur des pistes en herbe bien entretenues alternant avec des routes forestières rafraîchissantes, surtout à l’approche de l’été, la meilleure période pour vadrouiller dans ce secteur.
En un week-end et en deux belles étapes dessinées entre Avallon et Château-Chinon, le PNR du Morvan se visite agréablement. Le vert domine et les pistes formant de véritables tunnels de verdure y sont nombreuses. Les chemins restent toujours souples, les routes sont souvent viroleuses.
Changement de décor dans le champenois. Là encore au départ de Provins, en prenant la direction de Reims et en passant par Château-Thierry, un bon trip à moto de deux jours me tendait les poignées. Alors j’y suis allé et je n’est pas été déçu. Les routes serpentent entre les vignes, les pistes de craie et de glaise mélangées ne sont en revanche praticables que si le sol est parfaitement sec. Dans le cas contraire, elles se transforment instantanément en une vraie patinoire. Gaffe !
CÔTÉ MONTAGNE
Il n’y a pas que la Route des Grandes Alpes dans la vie ! Mais bon, il faut reconnaître qu’elle est quand-même très belle. On y respire à plein poumons, sans masque. Et ça fait un bien fou ! Pouvoir se «taper la discute» au lever du jour avec une marmotte, tout là-haut au sommet du Parpaillon, ça aussi c’est bien cool. S’allonger au soleil pour la sieste dans les prairies d’estives, une pâquerette aux lèvres, que c’est bon ! Au départ de Briançon, il est possible d’imaginer un circuit routier gravissant quelques beaux cols mythiques, tout comme il est envisageable d’aller sillonner les anciennes pistes militaires marquant pour certaines la frontière avec le pays voisin, l’Italie. Méfiance tout de même. Entre les pistes payantes, celles interdites certains jours de la semaine et les travaux réalisés sur d’autres à la fin du printemps si la fonte des neiges est tardive, pas facile de dessiner une belle trace tout-terrain.
Plus accessible, l’Auvergne regorge de trésors architecturaux, de chemins verts et de champs pentus d’où s’echappent en été de bonnes odeurs de foin coupé. En cinq jours et en partant de Clermont-Ferrand, puis en passant par Riom-ès-Montagnes, Aurillac, Saint-Flour et Brioude, le grand tour des monts d’Auvergne peut être bouclé. Le bitume est de qualité et les chemins, tantôt ombragés, tantôt ouverts sur les pâturages sont un régal, tout comme l’est le fromage de vaches Salers dégusté directement dans les burons traditionnels d’altitude aux impressionnants toits de lauzes.
Les Pyrénées sont une destination de choix également. Mais côté français, peu de pistes d’altitude permettent une belle progression sans devoir envisager d’inévitables demi-tours, tant les cul-de-sacs sont nombreux. Par la route en revanche et en moins d’une semaine il est raisonnable d’effectuer un périple de côte à côte, de Saint-Jean-de-Luz à Collioure (ou inversement) par exemple.
L’Occitanie aura été pour moi une vraie découverte et un enchantement. J’ai sillonné en tous sens les pistes caillouteuses du plateau du Larzac, du Causse Méjean, celles du Causse de Sauveterre, je me suis régalé des chemins de l’Aubrac et de ceux de la Margeride. Ce qui m’a frappé, c’est le contraste saisissant entre le «vide de vie» des plateaux et le «plein de monde» des gorges du Tarn ou des rives de l’Aveyron notamment. En rayonnant autour de Millau, de Rodez, de Mende ou encore plus au nord de Saint-Chély-d’Apcher on peut vraiment déconnecter totalement. Les chemins de terre rouge me font penser immédiatement aux pistes de Latérite malgaches. Les broussailles me rappellent, elles, le bush australien et le galbe des champs de graminées fouettées par le vent me transportent immédiatement dans les états américains du Montana ou du Wyoming. Le dépaysement est total je vous dis. J’adore ! Plus à l’ouest, le Rouergue reste pour moi à parcourir.
L’ouest-lyonnais, très vallonné, s’étendant du Massif du Pilat aux monts du Forez et du roannais au Beaujolais est à découvrir absolument. Au printemps, à l’automne, la lumière y est fabuleuse, jouant avec les couleurs changeantes du feuillage des arbres, des buissons, des vignes. Un régal pour les yeux. Et les chemins, quel bonheur !
CÔTÉ MER
Souvent très urbanisé, le littoral français n'offre que peu de belles perspectives sur la mer ou l'océan. Si on ajoute à cela les interdits, la fréquentation estivale, pas facile. À moins de pouvoir prendre de la hauteur comme c'est parfois possible sur le pourtour méditerranéen, il n'y a guère qu'en Bretagne qu'il est encore envisageable de sillonner de petits axes panoramiques, dominant tantôt une côte sauvage déchiquetée, tantôt de vastes plages. C'est le cas en baie d'Audierne, ma terre d'adoption. De Saint-Malo à Nantes, en longeant la côte et en faisant quelques incursions en terre pour aller admirer les enclos paroissiaux de la pointe Finistère par exemple, ou encore les marais de Guérande en Loire·Atlantique, on peut facilement consacrer une semaine entière à la pointe bretonne
dans toute sa dimension. La France est belle. Alors enfourchez votre moto et partez à sa découverte !