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GRÈCE (CRÈTE)

RAID HÉRAK - La mythique Candie

GORANDO - Récit de voyage à moto - Espagne-Portugal

Située au beau milieu de la Mer Méditerranée, presque à égale distance de l'Afrique et de l'Eurasie, la Crète, sauvage et montagneuse offre des paysages arides, parfois austères, hérissés de pitons rocheux chauffés par le soleil et balayés par le Meltem, ce vent froid qui descend de la mer Égée et qui lève une houle hachée. Quelques espaces fertiles sur les plateaux sont occupés par des plans d'oliviers au feuillage vert tendre, apportant un peu de douceur à cette terre hostile. Il suffit de sortir des villes touristiques de la côte nord de la Crète pour retrouver bien vite les petites vallées oubliées et les villages traditionnels de montagne, avec leurs kafenia, ces maisons de café traditionnelles grecques fréquentées par de vieux hommes à moustache sirotant tranquillement leur raki au bon goût du temps qui passe lentement. De nombreux monastères orthodoxes, toujours édifiés dans de remarquables sites naturels et autant de chapelles toutes blanches se détachent aux sommets des collines. La côte, déchiquetée, est ponctuée de plages de galets et de sable. De profondes gorges abruptes parmi les plus belles d’Europe et quantité de grottes et de cavernes complètent ce tableau idyllique.

Dans la mythologie grecque, Zeus, le Dieu Suprême serait né dans une caverne du Mont Ida, actuel Mont Psiloritis et plus haut sommet de la Crète (2456 mètres). Il y aurait été élevé par des nymphes que nous tenterons de débusquer durant tout notre voyage.
Justement. Il est temps de se mettre en route. À nous les pistes caillouteuses et tapissées de crottes de biques !


GORANDO - Récit de voyage à moto - Espagne-Portugal

ÉTAPE 1
Héraklion - Réthymnon

Jacky que je connais bien et trois de ses amis, Ronald, Loïc et Stéphane seront mes compagnons de voyage. Hier, en fin de journée, comme moi ils ont pris possession chacun de l'une des rutilantes Honda 300 CRF-L qui nous ont été livrées directement à notre hôtel d'Héraklion. Elles sont équipées de ridicules porte-bagages. Y fixer solidement nos sacs afin qu'ils n'entravent pas trop nos mouvements n'aura pas été chose facile. Mais comme la plupart du temps nous serons en position debout pour sillonner les pistes nous ne devrions pas en souffrir. Nous n'aurons que peu l'occasion en effet de poser nos fesses sur la selle, dure comme du bois. Bref, le confort de roulage ne sera tout de même pas au rendez-vous.

Le tracé du RAID HÉRAK comporte 70% de tout-terrain. Un pourcentage élevé qui nous donnera durant dix étapes le sentiment jouissif de ne presque jamais rouler sur le bitume. Les 178 kilomètres que nous effectuerons aujourd'hui nous occuperont ainsi quasiment 85% du temps passé sur nos montures. En piste donc !

Il ne nous aura fallu que quelques minutes pour sortir par l'Est de la ville d'Héraklion. Déjà, nous nous engageons sur une première piste qui grimpe dans la montagne. Le chemin est très caillouteux et plutôt technique, parfois même il s'apparente à un tracé enduro. En quelques lacets nous voici rendus à la chapelle promontoire de Panagia. Au loin, nous voyons distinctement le Mont Psiloritis, étonnamment enneigé et point culminant de l'île (2456m). Je m'assure que tous les pilotes n'ont pas éprouvé de difficultés particulières sur ces quelques premiers kilomètres. Tout va bien. Mais tous sont surpris du nombre déjà important de barrières que nous avons dû ouvrir et fermer pour parvenir jusqu'ici. Je leur indique qu'en effet notre progression sera interrompue sans doute des dizaines de fois de cette manière durant notre périple, les bergers se partageant ainsi les pâturages pour élever leur bétail.

Aux environs de midi nous retrouverons la côte. C'est dans l'anse de la petite station balnéaire de Bali que nous déjeunerons. Dans le restaurant Akrogiáli exactement. Le déjeuner sera royal ; Produits de la mer, salades crétoises, desserts locaux et cafés... solides ! L'établissement est en travaux. Tout va y être rafraîchi pour la saison touristique qui débutera prochainement. Une promenade digestive sur la jetée du port de pêche, minuscule et venté nous permettra de vider nos narines tapissées de particules de peinture mêlées d'odeurs de friture, tenaces.

L'objectif de l'après-midi sera d'aller découvrir le Massif de l'Ida situé sur le versant Nord-Ouest du Mont Psiloritis. Le patron du restaurant que nous venons de quitter nous a mis en garde : « Là-haut, vous serez sans doute bloqués par la neige ! ». Il blaguait ?

À bon rythme, nous allons évoluer dans un maillage hallucinant de pistes, toutes plus belles et panoramiques les unes que les autres. Jusqu'au Monastère orthodoxe d'Arkadi au porche monumental, tout ira bien. C'est après que cela va se compliquer. De la neige, il y en a partout ! Un tapis de poudreuse immaculée de près de 30 cm d'épaisseur. Fort heureusement, un véhicule nous a précédé. Il a marqué le sol. Le chemin est sommairement dessiné. Nous suivrons cette trace un long moment. En fin de journée, nous retrouverons le goudron et c'est par la route que nous parcourrons les quelques kilomètres qui nous séparent encore de notre hôtel de Réthymnon. Perché sur les hauteurs de la ville, le Menta City Boutique Hotel qui nous accueille est une excellente adresse. En soirée et sur les indication de l'hôtelier nous irons dîner sur le port aux allures vénitiennes et magnifiquement mis en valeur.


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ÉTAPE 2
Réthymnon - La Canée

La seconde étape de notre voyage nous aura permis d'atteindre en fin de journée notre rythme de croisière que, sans doute, nous pourrons maintenir jusqu'à notre retour à Héraklion.

À nouveau nous ne mettrons que très peu de temps pour nous échapper du littoral urbanisé et gagner les hauteurs. Les paysages y sont sauvages, variés et superbes. Nous serpentons entre les plantations d'oliviers et les champs de cailloux où quelques buissons rabougris tentent de contenter les brebis et les béliers puants qui gambadent. Des chiens à l'attache sont positionnés aux entrées des bergeries et les chemins sont presque tous cernés de grillages. Toujours aussi souvent, nous devons mettre pieds à terre pour aller ouvrir puis refermer les enclos.

Les rives du lac de barrage de Potamon Amariou sont atteintes en milieu de matinée. Nous en effectuons le tour par de sublimes chemins « avec vue ».

Peu après le pique-nique de midi, pris affalés sur l'herbe grasse d'un plateau d'altitude, nous nous engageons sur les pistes de crêtes des Montagnes Blanches, cette chaîne montagneuse orientée Est-Ouest qui offre de belles perspectives à la fois sur les côtes Nord et Sud de l'île.

Une longue pause fraîcheur est programmée aux Cascades d'Argyroupoli avant que nous n'entamions notre descente vers la citadelle de La Canée, notre ville-étape de ce soir. Auparavant, nous longerons la très touristique lagune de Kourna et un arrêt sera marqué, le temps d'une photo sous le soleil déclinant, devant la minuscule chapelle littorale Agios Nikolaos de Georgioupolis, édifiée au large sur un rocher, au creux de la Baie de l'Almyros. On y accède par une étroite jetée submersible. Instant magique.


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ÉTAPE 3
La Canée - Paleohora

La route de bord de mer cernée de constructions qui sépare La Canée du village de Kolymvari n'ayant aucun attrait, nous filons pleins gaz - enfin, tout est relatif - sans nous y attarder. Progressant toujours plus à l'Ouest, nous choisissons de quitter temporairement la route principale au profit de pistes pourtant assez quelconques. Mais peu importe. Nous allons bientôt nous en mettre plein la vue. L'idée étant de nous rendre tout au bout de la presqu'île de Korykos, pointe de l'extrême Ouest de la Crète. Les guides touristiques vantent à grands renforts de clichés aux couleurs saturées les fonds cristallins de l'Anse de Balos et le panorama sur les îles des Grabuses. Nous n'aurons pas été déçus. Le point de vue vaut vraiment le coup. Impressionnant.

Le ciel devient menaçant à présent, ce qui ajoute encore plus de contraste au lieu que nous quittons à regret. Il ne pleut pas... mais ça ne saurait tarder. Nous piquons à présent plein Sud pour grimper dans la montagne et tenter d'échapper au déluge. Les chemins serpentent allègrement entre les bergeries d'altitude. Nous roulons bon train.

La faim nous tiraille. Nous nous mettons en quête d'un restaurant typique. Nous allons être gâtés. Plus typique que celui-là, il n'y a pas ! Soap braillant à la télé, comptabilité posé en vrac dans un coin, patron bedonnant, patronne avec un fichu sur la tête, nappes tâchées et couverts en plastique... mais nourriture excellente. Bonne pioche !

Nous sommes repus. Une sieste aurait été la bienvenue mais il est temps de reprendre notre route. Par des pistes pentues, nous gagnons à nouveau de l'altitude à bon rythme. Une barrière plus solide qu'à l'habitude freine nos ardeurs. Un panneau aux caractères d'alphabet bicaméral (!) illisibles nous interpelle. S'agit-il d'une interdiction de passer qui signifierait que notre belle fin d'étape à venir serait compromise ? Je scanne le texte. Grâce à une application magique de mon smartphone je ne tarde pas à rassurer ma petite troupe. Il est seulement écrit : "fermer la barrière". Ouf !

Nous ne sommes pas parvenus à esquiver suffisamment les nuages chargés d'eau. Le ciel nous tombe dessus. Il pleut fort et notre conduite se complique. De grosses flaques d'eau boueuse barrent les chemins, ça « glissouille » pas mal... Et pour ne rien arranger, il fait froid.

Il est environ 15h30 quand nous décidons de faire une pause dans le premier café venu pour nous réchauffer. Non sans peine nous en dégotons un, lui aussi typique, c'est le moins que l'on puisse dire. La patronne, âgée, tape la discute avec un homme en guenilles portant bottes en caoutchouc et bonnet crétois traditionnel, tandis qu'un autre « personnage » est vautré sur un canapé dépecé pour sa sieste. Tous sont collés à une cheminée noircie de suie, des objets insolites et des photos passées tapissent les murs décrépis. La cuisine « de grand-mère » est ouverte sur la salle. Ambiance. La machine à café, visiblement très peu utilisée vient de rendre l'âme juste après avoir produit un minuscule et ultime breuvage, infâme. Ce sera donc à la casserole sur le réchaud que la patronne fera chauffer de l'eau. Finalement nous l'aurons tous, ce mauvais café. Hop ! C'est reparti.

Le ciel s'est éclairci. La côte Sud de l'île s'offre à nos yeux. Quelques serres de plastique viennent entacher les derniers kilomètres de pistes qui nous séparent de notre hôtel. Dommage.


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ÉTAPE 4
Paleohora - Chora Sfakion

L'idée première était de contourner par le nord le Parc National de Samaria, au plus près du massif classé réserve naturelle, interdit pour partie à la circulation. Mais rien ne va se passer comme prévu. Pourtant, tout avait bien commencé.

En un saut de cabri nous voilà propulsés jusqu'à Sougia, vers l'Est. Ce village blanc de bord de mer est le point de départ d'une jolie piste qui serpente dans le lit asséché d'un ruisseau. Le pilotage y sera chaotique. Plus loin, nous découvrons les profondes Gorges d'Aria Irini. Jusque-là, tout va bien.

Un clou d'une dizaine de centimètres vient de s'introduire intégralement dans le pneu de la roue arrière de l'une des motos. Il n'est même plus visible. La perte d'air a été immédiate. La chambre à air est totalement déchiquetée. Jacky est le plus prompt à sortir les outils pour réparer la crevaison. Une demi-heure aura suffi. Nous pouvons repartir.

L'objectif à présent est d'atteindre le belvédère de Samaria qui promet d'être splendide. Arrivés sur le haut-plateau d'Omalos, tout se complique. Nous sommes bloqués par la neige formant d'impressionnantes congères. Je consulte mon GPS. Un contournement est possible. Par une route goudronnée nous parvenons au point de vue. Peu attentifs au spectacle offert par la nature, mes compagnons de voyage se lancent dans une mémorable bataille de boules de neige. Qui aurait pu imaginer que nous puissions jouer ainsi comme des gamins en Crète ? Pas moi, assurément.

Dans un tout petit village nous faisons une halte pour déjeuner. Le restaurant, dans son jus, a le mérite d'exister mais pas davantage. Soupe, omelette, brochette, un coup de gnôle, un café et c'est reparti.

Toujours par un itinéraire de contournement des routes enneigées, nous laissons sur notre droite le Mont Pachnès, lui aussi inaccessible. En milieu d'après-midi, nous plongeons littéralement dans les gorges d'Imbros. Une route sinueuse, battue par un vent froid et violent venu du nord qui nous pousse sans ménagement nous rapproche de Chora Sfakion, notre village d'étape, charmant petit port de pêche tout blanc. Au débouché des gorges, la vue est magnifiée par le soleil couchant. Dans les derniers lacets nous devons slalomer entre les innombrables biquettes qui ont envahi la chaussée. Des agneaux, perdus, sont à la recherche de leur biberon sur pattes. Ils courent dans tous les sens, mais souvent le mauvais, celui qui les mène tout droit sous nos roues. Gaffe !


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ÉTAPE 5
Chora Sfakion - Agia Galini

Changement de décor !

Un véritable mur de roche est à franchir ce matin. Une piste totalement défoncée, à très forte pente, jonchée de pierres anguleuses, de dalles en dévers et de cailloux tombés de la falaise se présente sous nos roues. Les points de vue sur la côte se succèdent mais nous n'avons pas beaucoup d'occasions de pouvoir nous arrêter en profiter tant la pente est forte. Nous aurions alors des difficultés pour nous élancer à nouveau. Là-haut, nous faisons une pause sur une sorte de plateau en herbe. Une bergerie, une chapelle d’ermitage, un bassin et quelques figuiers animent ce lieu insolite.

Notre piste, toujours aussi plaisante à rouler se faufile entre les pitons rocheux pour nous ramener bien plus tard à la route. L'occasion de se dégourdir les bras. Mais la chaussée est considérablement rétrécie par des amoncellements de neige. La prudence reste de mise.

Nous ne tardons pas à retrouver la côte Sud de l'île. Un magnifique chemin, taillé à flanc de falaise surplombe la mer. Puis il s'enfonce dans les Gorges de Kallikratis qui scarifient le Massif de Perisinaki. Plus loin, le canyon côtier, les monastères et l'ancien pont de Preveli mériteront eux aussi une halte.

En fin de matinée, le ciel s'obscurcit. La pluie arrive, abondante et... mouillée. C'est bien ça l'ennui. Elle nous détrempe rapidement et comme nous continuons à prendre toujours plus d'altitude, un froid glacial commence à nous envahir et teinter nos visages exposés d'un beau bleu-rouge-violacé. C'est le moment qu'à choisi Jacky pour nous gratifier d'un beau dérapage pas du tout contrôlé. Dans un sentier très pentu, en descente et couru pas une ravine bien profonde, il se vautre de tout son long. Coincé sous sa moto, il aura besoin d'aide pour se redresser.

Vers midi, nous nous arrêtons déjeuner en pleine nature après avoir acheté dans une supérette quelques tomates bien juteuses, un peu de charcuterie et de fromage du coin ainsi que du pain et une fiole d'huile d'olives pour agrémenter tout ça.

Tout l'après-midi nous allons rouler sur des pistes d'une incroyable diversité, parfois très ravinées, rarement ombragées, souvent encombrées de caprins idiots. Les portions routières se comptent sur les doigts d'une seule main. Nous prendrons le temps d'admirer les dunes noires d'Agios Pavlos, surprenantes et désertes.

Ce n'est qu'en toute fin de journée que nous atteignons notre hôtel, bâti dans une petite station balnéaire dépeuplée du Golfe de Messara, un peu glauque.


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ÉTAPE 6
Agia Galini – Tsoutsouros

Une étape exceptionnelle, tout simplement.

Il fait grand beau. Des rangs d'oliviers ponctuent de petites parcelles de prairies cerclées de murets de pierres sèches. Elles sont tapissées de fleurs d'un jaune éclatant. Les ruches se réveillent doucement dans la tiédeur du matin. Des chemins défoncés par les ruissellements d'une irrigation sans doute excessive s'offrent à nous. L'un d'eux nous conduit jusqu'à un olivier millénaire exceptionnel situé près des sites antiques de Phaistos et d'Agia Triada. Le décor est planté. La journée s'annonce bien.

Le tour de la grande retenue d'eau de Zaros est entrepris. Une piste serpente dans les roseaux et, parfois, se raidit brutalement. Elle devient alors vraiment technique, se transformant même ponctuellement en sentier escarpé. Puis vers 9h30 nous faisons déjà un long arrêt, dans le petit village incontournable de Matala. C'est le rendez-vous estival des hippies modernes. Musique de Santana, fresques psychédéliques de couleurs vives, cafés branchés, plage.

En fin de matinée nous choisissons d'aller jeter un coup d’œil aux sublimes Gorges d'Agiofarrago. Un sentier conduit à une plage paradisiaque offrant de beaux panoramas sur le Cap Lithinon, formant la pointe la plus au Sud de la Crète. Un excellent spot de pique-nique. Plus loin, nous découvrons ébahis l'impressionnant Canyon de Tripiti au fond duquel un maigre ruisseau se fraye un passage dans les gros galets. La saignée ne fait guère plus de quelques mètres de largeur dans sa partie la plus étroite.

Dans l'après-midi, alors que nous sommes sur un chemin en plein Massif de l'Asteroussia, aride, caillouteux et totalement désert, une, puis deux, puis trois, puis quatre, puis nos cinq motos affichent tour à tour au tableau de bord qu'elles sont en réserve de carburant. Heureusement, nous venons de franchir un sommet et une station-essence n'est qu'à 10 kilomètres environ. Chance supplémentaire, la piste débouche sur une route au bitume parfait, en forte pente descendante. Couchés sur nos motos pour limiter au maximum notre prise au vent, très fort, nous dévalons la pente en roues libres, moteurs coupés. Un bon moment de rigolade !

Après avoir fait le plein des motos, nous décidons de filer tout droit à notre hôtel de ce soir.


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ÉTAPE 7
Tsoutsouros - Agios Nikolaos

Une étape formidable, encore une.

Les moutons, à la différence des habitants de l'île sont tous de sortie ce matin. Les éviter est un challenge. Dans les hameaux et les villages, seuls quelques artisans du bâtiment s'activent bruyamment et avec entrain à préparer la saison touristique. La découverte du versant Sud du Massif du Lassithi sera le moment fort de cette septième journée de roulage. Comme chaque autre jour, nous allons alterner entre pistes littorales faciles et chemins de montagne périlleux. Nous slalomerons avec allégresse entre les plantations d'oliviers et les serres des maraîchers, implantées malheureusement un peu partout sur la côte.

En fin de matinée nous stoppons dans le village d'Amiras afin d'y faire quelques courses pour le pique-nique, prévu tout là-haut, au-dessus de la forêt de pins. L'endroit est magique. Un petit espace tout plat, d'à peine 50 mètres de côtés nous tend les bras. Un arbre, au milieu, entouré de quelques pierres nous servira de salle à manger ombragée. Il fait grand soleil et frais. Au fond, juste derrière les motos bien rangées pour une fois, une plaque de neige résiduelle nous éblouit. Nos canettes de sodas y sont plantées, bien au frais. Petite photo de groupe, petite salade composée, petit bout de pain, petit bout de fromage en tranches et... grosse sieste ! Nos esprits vagabondent, tout est tranquille et silencieux.

Une bonne séance de « pousse-moi tire-moi » dans la neige va vite nous remettre les idées en place et nous faire monter en température au moment de repartir. Nous ne l'avions pas vu mais le chemin est recouvert d'une épaisse couche de neige. Nous devons à regret faire demi-tour. Nous n'approcherons pas le Mont Dicté (2148 mètres).

Après quelques kilomètres de goudron pour contourner par le Sud-Est la difficulté, nous nous enfonçons à nouveau profondément dans le massif, absolument superbe. Les pistes sont rapides, sauf celle-là qui, très piégeuse fera mordre la poussière à bon nombre d'entre-nous.

Ce soir nous dormirons sur la côte Nord-Est de la Crète. À Agios Nikolaos, dans le Golfe de Mirambelos. À l'approche de la ville, un brouillard très épais ralentira considérablement notre rythme de progression.


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ÉTAPE 8
Agios Nikolaos - Sitia

C'est parti pour une boucle de deux jours dans l'Est de l'île. Nous ne serons de retour à Agios Nikolaos qu'au soir du neuvième jour du RAID HÉRAK.

Au menu ce matin, les Monts Thrypti, sur la côte Sud. Sans être exceptionnels, ils diffèrent tout de même franchement des autres massifs jusque-là traversés. Plus verts, ils sont partiellement recouverts de conifères de petite taille et de haies buissonnantes. Les moindres surfaces planes y sont systématiquement débarrassées de tous les gros cailloux qui jonchent le sol terreux pour laisser place à des cultures céréalières chétives et des pâturages aux touffes d'herbe clairsemées. Des chapelles aux murs blancs et aux toits de tuiles sont disséminées un peu partout.

Une fois encore, ce sera pique-nique ce midi. Mais pour changer un peu de nos habitudes, nous déjeunerons sur la jetée du très charmant petit port de Makrygialos. Pour l'atteindre nous aurons été contraints de quitter notre trace. Il aura été la seule zone urbanisée croisée sur notre chemin ce matin. Et une fois n'est pas coutume, nous prendrons le temps d'y déguster un bon café serré en terrasse. Le bonheur sera total. No stress...

Après quelques kilomètres parcourus sur la route côtière, toujours plus à l'Est, nous bifurquons subitement plein Nord en direction de Sitia. Le massif éponyme que nous allons découvrir à force de circonvolutions et de contournements d'imposants pitons rocheux sera un régal pour les yeux. Les pistes rocailleuses s'enchaînent. Nous plongeons avec délice dans de profondes flaques d'eau épaissies par la terre rouge. Les projections de boue teintent nos tenues de baroudeurs.

Nous aurons vue sur mer depuis les chambres de notre hôtel de Sitia. On pourrait presque confondre la cité avec Agios Nikolaos. De basses maisons blanches, un port animé et cerné de restaurants accueillants.


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ÉTAPE 9
Sitia - Agios Nikolaos

Le bout oriental de la Crète est plein de curiosités et mérite vraiment qu'on s'y attarde.

Par des chemins plutôt faciles, nous débutons la journée par une traversée intégrale des Monts de Sitia. Azimut Sud-Est en direction de l'Anse de Kato Zakros, magnifique oasis également réputée pour ses vestiges archéologiques. Quelques paillotes occupent le front de mer sans pour autant en masquer la vue. C'est donc tout naturellement que nous choisissons l'une d'elles pour aller y siroter un bon rafraîchissement. Au soleil, face à la mer. Moment magique.

Non loin de là, les Gorges de Zakros autrement appelées « La Vallée des Morts » offrent une vue époustouflante sur l'incision créée au fil du temps dans la roche par un torrent aujourd'hui totalement asséché. Il terminait jadis sa course folle dans l'anse que nous venons de quitter avant de se jeter à la mer dans un ultime tourbillon.

Nous prenons à présent le chemin qui nous guidera jusqu'au Cap Sidéros, situé à l'extrémité Nord-Est de l'île. Ici aussi de remarquables ruines archéologiques peuvent être observées. J'y ai repéré la légendaire Crique de Vaï. Nous y serons pour l'heure du déjeuner. On raconte que des pirates africains auraient fait naufrage sur la plage de Vaï il y a bien longtemps et qu'ils y auraient passé leurs journées entières à manger des dattes et à jeter les graines au sol. À partir des graines, des palmiers auraient ensuite germé en quantité et formé l'immense et insolite forêt visible aujourd’hui.

Le retour vers Agios Nikolaos se fera au plus près de la côte Nord, très ventée. Sur les chemins escarpés et souvent bordés de cactus nous serons ballottés sans cesse par de fortes bourrasques. Une petite incursion dans les Monts Ornon nous permettra temporairement de retrouver un air plus clément avant, finalement, de rejoindre notre hôtel.


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ÉTAPE 10
Agios Nikolaos - Héraklion

Pour cette dernière journée de roulage, j'ai dessiné une trace plus sage. Il serait en effet fort dommage de se faire mal ou de casser nos machines maintenant.

Comme chaque jour ou presque, nous commençons par prendre de la hauteur. Nous irons flirter une dernière fois avec la neige avant d'aller découvrir l'inattendu Plateau du Lassithi, autrement appelé « la vallée aux 10.000 moulins ». Situé à environ 820 mètres d'altitude, il est parfaitement plan et entouré d'imposantes montagnes. La zone, encaissée, est marécageuse en période de pluies ou de chutes de neige et très sèche aux beaux jours. Une quantité hallucinante de frêles éoliennes toilées qui jadis servaient à pomper l'eau du sous-sol pour l'irrigation occupe les parcs à moutons. En périphérie subsistent quelques moulins à vent bien conservés. Un chouette endroit.

Au Sud-Ouest du Plateau du Lassithi se trouve la Grotte de Psychro. Elle est considérée comme le lieu de naissance du dieu mythique Zeus et mérite vraiment une visite.

C'est presque en roues libres que nous regagnerons la côte Nord de la Crète en fin d'après-midi. Nos motos seront restituées au loueur qui, les trouvant un peu trop « défraîchies » à son goût ne manquera pas de ponctionner quelques euros sur nos dépôts de garantie. Mais cela n’entachera pas les souvenirs que nous avons emmagasinés.

C'était un très beau voyage.

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