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RAID PILAT

Du Massif du Pilat à la Dune du Pilat par les pistes

GORANDO - Récit de voyage à moto - France

Il n’y a guère que la phonétique qui soit commune au Pilat rhodanien et au Pilat aquitain. Mais il n’en fallait pas plus pour qu’Olivier GALLARD, organisateur de randonnées tout-terrain en France et créateur de voyages à moto partout dans le Monde trouve là le prétexte à entraîner Didier dans son insatiable quête de découverte et d’aventure.

Dominé par le Crêt de La Perdrix (1431m d’altitude), le Parc Naturel Régional du Pilat occupe une bonne partie du sud-est du département de La Loire et il est situé à quelques tours de roues seulement de la métropole de Lyon. C’est sans aucun doute pour cette raison que les lyonnaises et les lyonnais viennent en nombre y prendre un bon bol d’air, à pied ou à VTT à la belle saison et chaussés de skis nordiques ou de raquettes lorsque les sommets sont tapissés de neige.

Les chemins de randonnées étant pour la plupart interdits à la circulation motorisée, ce n’est que symboliquement que le top départ du RAID PILAT sera donné au col de Bessat, à la Croix de Chabouret exactement (D8). Dans cette aventure, j’ai entraîné Didier, que je connais bien. Comme moi, il roule en KTM. Lui sur une 790 Adventure R, moi sur une 890 Adventure R. Pour ce périple de sept jours nous avons équipé nos montures des mêmes accessoires, de la même bagagerie. Et puisque nous avons un niveau de pilotage équivalent, ce voyage sera l’occasion de comparer les deux machines.


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PRENDRE DE LA HAUTEUR ET RESPIRER

Même si l’altitude est modeste, de là où nous sommes et parce que le ciel est totalement dégagé, nous pouvons deviner au sud-est les monts enneigés des Alpes et au nord-ouest, dans le lointain, les contreforts du Massif Central.

Cap au sud-ouest. Quelques rares pistes autorisées nous propulsent jusqu’à la limite du Parc Naturel Régional du Pilat et du département de La Loire. Nous pénétrons à présent dans celui de La Haute-Loire. Le relief est prononcé et les chemins de sous-bois sont particulièrement pentus et glissants. Didier a suivi mon conseil en s’équipant d’un écran de casque transparent. C’est préférable car les forêts de sapins sont ici extrêmement denses et sombres. L’allumage automatique des feux de nos motos se déclenche régulièrement et les écrans TFT passent en mode nuit tout aussi souvent. Sur le bord de la piste, un insolite panneau «chute de glace» prête à sourire alors qu’il fait grand beau. Nous avons pris le parti de pique-niquer tous les midis. Les étapes vont être longues et éprouvantes. C’est donc préférable pour espérer pouvoir les terminer chaque jour avant la nuit. Et puis comme ça, nous profiterons pleinement des paysages durant ces pauses réparatrices.

Pour cette première belle journée, la pause casse-croûte bucolique et panoramique se fera aux environs d’Aurec-sur-Loire où le fleuve (La Loire), encore tumultueux et peu large à cet endroit peut être admiré depuis un étroit pont piétonnier suspendu.

La deuxième partie de la journée va nous mener dans le Parc Régional Livradois-Forez, sublime. Les pistes forestières y serpentent et s’y croisent en tous sens, rendant la navigation vraiment ludique. La frontière avec le département du Puy-de-Dôme est franchie à plusieurs reprises mais c’est bien à Montbrison, dans le département de La Loire que nous clôturerons finalement cette première journée de roulage. Les remparts du calvaire vieux de huit siècles qui dominent la ville ont fait l’objet d’une impressionnante réhabilitation. On les repère de loin.


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CIEL DE COTON

Comme hier, seulement quarante-cinq kilomètres séparent à vol d’oiseau notre point de départ de notre ville-étape du jour. Mais par les pistes, ce sera beaucoup plus.

Toute la matinée, nous allons faire des circonvolutions dans les montagnes. Les paysages dégagés et caillouteux alterneront avec des chemins creux couverts d’un épais tapis de feuillage et bordés de murets de pierres sèches. Un régal. Sur certaines portions très sinueuses, nous laissons s’exprimer nos motos mais méfiance car la visibilité n’est pas toujours bonne. Pire. Lorsque nous transperçons les nuages bas, on y voit plus rien du tout. Pas à plus de cinq ou dix mètres. En revanche, quand à la lisière d’une forêt d’altitude on domine la vallée, les nuages qui nous freinaient et desquels nous voulions au plus vite nous extirper, formant alors un tapis blanc cotonneux nous invitent à nouveau à nous plonger dedans. Est-ce ce qu’a voulu tenter Didier dans ce sentier plein de racines et de pierres ? En tout cas, il a chuté lourdement. Sans se faire mal, heureusement. La pause déjeuner lui permettra de reprendre ses esprits.

Changement de décor. Cet après-midi et sitôt passé Boën-sur-Lignon, nous allons progresser entre les champs et les bois par d’étroits chemins. Le relief s’est adouci. Nous roulons à bon rythme et alternons Didier et moi le guidage. À l’approche de Roanne, de belles perspectives sur La Loire formant à cet endroit le lac de retenue de Villerest s’offrent à notre regard. La lumière rasante éclaire de belles teintes chaudes la rive opposée. C’est dans un hôtel de la ville dans lequel j’ai mes habitudes que nous passerons la nuit.


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LE FIL ET LA PELOTE

La troisième journée du RAID PILAT va nous mener jusqu’au Lac des Fades Besserve, sur la commune des Ancizes-Comps, dans le département du Puy-de-Dôme. Nous prendrons soin d’éviter la ville de Clermont-Ferrand que nous contournerons par le nord.

Un coup d’œil sur mon GPS me fait douter de l’intérêt de la trace que j’ai dessinée, entre Puy-Guillaume et Riom. Je me trompais. La vaste étendue de cultures céréalières que nous devrons traverser se révélera être une bonne surprise. Très bonne, même, à en juger par le plaisir de pilotage pris sur ces trente kilomètres pourtant seulement animés de quelques bosquets bordant le ruisseau de La Morge. Mais avant cela, nous passerons un très, très long moment aux abords et dans le nord du Parc Naturel Régional Livadrois-Forez à parcourir une quantité invraisemblable de pistes forestières autorisées et absolument sublimes. Il fait froid, il fait moche, il fait sombre mais peu importe. Le kiffe est total. Le bruit mesuré de nos machines, étouffé de plus par les arbres ne trouble en rien la quiétude des habitants des lieux qui sont surpris de nous voir et nous saluent.

Une brève incursion dans le département de l’Allier est prétexte à une pause déjeuner bien agréable. C’est aussi à partir de cet endroit que nous allons quitter la «pelote» de pistes entremêlées pour suivre le «fil» tendu de la trace qui nous guidera jusqu’aux rives du Lac des Fades Besserve pour un repos mérité.


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VOYAGE EN TERRAIN CONNU

J’aurais presque pu me passer de mon GPS pour cette quatrième étape. C’est ici l’un de mes «tout-terrain de jeux» préféré. Terre d’enduristes, l’Auvergne se prête également très bien à la pratique du trail et du maxi-trail. Les chemins serpentent de vallons en vallées. Toujours magnifiques, ils sont tantôt tranquilles, tantôt plus techniques. Mais ils sont si nombreux qu’il est toujours aisé de contourner une difficulté en empruntant un axe goudronné sur quelques kilomètres avant de rejoindre la trace. Dans le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne et aux environs du Mont-Dore en revanche, les pistes autorisées à la circulation d’engins motorisés sont presque inexistantes.

Nous atteignons les rives de La Dordogne et par la même occasion le département de La Corrèze en début d’après-midi. C’est au Site de la Vie, un belvédère situé sur la commune de Monestier-Port-Dieu que nous faisons la pause déjeuner. Le barrage de Bort-les-Orgues a fait gonfler artificiellement La Dordogne qui a bien failli engloutir à jamais Le Château du Val heureusement construit sur un promontoire rocheux et qu’on devine au loin. Il est l’un des monuments historiques les mieux conservés et les plus remarquables de la l’Auvergne.

Une dernière belle boucle tout-terrain précède notre arrivée en fin de journée à Ussel, l’une des grosses bourgades de La Corrèze.


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MILLE VACHES ET DEUX MOTARDS

Autre ville d’importance du département, Uzerche sera l’objectif à atteindre pour cette cinquième journée de voyage. Le Parc Naturel Régional de Millevaches en Limousin sera traversé. Il est très connu car s’y déroule chaque année une hivernale initiée par le moto-club Meymacois et vantée en ces termes par l’organisateur : «L'esprit festif et convivial qui règne à l'hivernale des Millevaches permet de tisser des liens d'amitié, de profiter de longues soirées autour du feu, où goûter les spécialités locales est une tradition... le tout sur fond musical avec des discussions passionnées parfois jusqu’à l’aube». Tout un programme !

Pas question pour nous de tourner en rond dans une prairie et de prendre un coup de froid. Nous préférons prendre un coup de chaud à découvrir tous les trésors de ce territoire et à sillonner des pistes parfois délicates, sous le regard compatissant des vaches, les vraies. Notre sandwich du jour sera vite avalé aux abords du Lac de la Valette, sur la commune de Marcillac-la-Croisille et c’est dans un relief plus apaisé que nous roulerons jusqu’à Uzerche, atteinte peu de temps avant la tombée de la nuit.


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FATIGUE ET DEPRESSION

À cheval sur le département de La Corrèze et celui de La Dordogne, la trace du jour sera plus homogène sans pour autant être ennuyeuse. Peut-être est-ce parce que la fatigue commence à se faire sentir, mais nous roulerons à un rythme plus mesuré aujourd’hui. Pas en mode énervé, quoi. Plus rocailleux, le sol est aussi plus piégeux. Une bonne raison de ne pas trop essorer la poignée. La Vézère aujourd’hui paisible sera franchie à maintes reprises. Les inondations que la montée de ses eaux provoque régulièrement nous rendent méfiants. D’autant plus que le temps vire au mauvais. Une grosse dépression arrive. Demain, le ciel nous tombera littéralement sur la tête !


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OBJECTIF DUNE

Cette dernière journée, la septième, sera très éprouvante et c'est seulement parce que nous voulions absolument gravir la Dune du Pilat, dernier waypoint s'affichant sur nos GPS que nous n'avons pas renoncé à nous élancer sur la trace ce matin. C'est le déluge. Il pleut fort et à très grosses gouttes. Les vignobles du département de La Gironde que nous allons traverser jusqu'aux rives de La Garonne sont gorgés d'eau boueuse. Ils sont impraticables. À maintes reprises nous renonçons à nous engager dans des chemins pentus transformés en torrents et charriant des pierres. Trempés jusqu'aux os, nous atteindrons tout de même Cadillac, une petite ville bordant La Garonne, agitée et couleur café-crème.

C'est à ce moment-là que nous décidons de nous rendre finalement par la route jusqu'au camping dans lequel nous avons réservé un bungalow. Il est situé à quelques centaines de mètres des Flots Bleus, l'établissement rendu célèbre par la comédie française sortie au cinéma en 2006. Séchés et après un bon repas chaud – nous sommes en début d'après-midi – nous gravirons la fameuse Dune du Pilat pour, du sommet et alors qu'il ne pleut quasiment plus, admirer l'immensité de l'Océan Atlantique. Au nord-ouest, le phare de La Pointe du Cap Ferret se détache du vent de sable balayant les plages, à l'ouest le Banc d'Arguin est grignoté par la marée montante et plus au sud-ouest, de timides rayons de soleil parviennent à percer les nuages. Le tableau est parfait. Nous sommes heureux. C'était un bien beau voyage.

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